DEMAIN, L'EUROPE CHAMPIONNE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE RESPONSABLE ?
Marginalisée par rapport aux grands acteurs mondiaux et dans les débats technologiques, considérée comme une « colonie numérique américaine », l’Europe peut affirmer sa différence. Par Florent Parmentier, Sciences Po – USPC et Christian Dargnat, Sciences Po – USPC « Qui maîtrise l'intelligence artificielle domine le monde » : cette déclaration de Vladimir Poutine, en septembre dernier, à la tonalité prophétique a soulevé de nombreuses questions. Cette perspective faisait-elle référence à une vision essentiellement économique ou à une représentation plus militaire et géopolitique des choses ? Même sans avoir de certitude sur ce sujet, il apparaît bien que l'intelligence artificielle (IA) est un enjeu essentiel, complété par celui non moins important des données (le « nouveau pétrole »). Cette déclaration avait également de quoi surprendre si l'on considère que la Russie n'est pas perçue comme un pays leader en matière d'IA, ses acteurs restant loin des GAFA américains (Google-Apple-Facebook-Amazon) et des BATX chinois (Baidu-Alibaba-Tencent-Xiaomi). A la différence de l'Europe toutefois, elle dispose d'acteurs nationaux importants, avec le moteur de recherche Yandex ou le réseau social Vkontakte. Précisément, les Européens se trouvent aujourd'hui marginalisés par rapport aux grands acteurs mondiaux ainsi que dans les débats technologiques, étant parfois considérés comme appartenant à une « colonie numérique américaine ». L'Europe n'est-elle vraiment condamnée qu'à rester marginale face aux développements de l'IA ?