WISEED, OU QUAND LES PARTICULIERS INVESTISSENT LE CAPITAL-RISQUE
La plateforme toulousaine de « crowdequity » vient de franchir la barre des 26 millions d’euros de financements pour des startups innovantes, depuis son lancement en 2009. Elle se diversifiera cet été dans le financement d’activités coopératives. Après l'industrie hôtelière et le secteur des taxis, est-ce au tour du capital-risque de se faire "uberiser" ? Encore à l'état embryonnaire en 2008, les plateformes "d'equitycrowdfunding" ou de "crowdequity", qui permettent aux particuliers d'investir de façon quasi directe dans des startups, montent en puissance. En France, les montants collectés via le crowdequity ont plus que doublé en 2014, à 25,4 millions d'euros, selon les données de l'association Financement Participatif France. Une performance qui tient notamment à l'entrée en vigueur, le 1er octobre 2014, de la réglementation du crowdfunding, laquelle permet à une entreprise de lever jusqu'à 1 million d'euros via une plateforme de financement participatif sans être obligée de respecter les lourdes contraintes de l'appel public à l'épargne.
Sans doute le crowdequity connaîtra-t-il un élan supplémentaire cette année, les particuliersinvestisseurs étant autorisés depuis le 1er janvier à déduire jusqu'à 18% de leur investissement de leur impôts sur le revenu, et jusqu'à 50% pour les assujettis à l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune). D'ores et déjà, le pionnier du secteur dans l'Hexagone, le Toulousain Wiseed, vient de franchir la barre des 50.000 "crowdfunders" et des 26 millions d'euros investis depuis son lancement, en 2009. La plateforme a ainsi permis le financement de quelque 70 startups innovantes, issues des différentes régions de France et opérant principalement dans les domaines de la santé, des "medtech" (technologies médicales) et des « cleatench » (technologies utilisant les ressources naturelles). "A la différence de la Bourse, qui impose une certaine distanciation, le crowdequity offre aux investisseurs transparence et traçabilité", assure Stéphanie Savel, présidente de Wiseed.
DIVERSIFICATION DANS L'IMMOBILIER ET LE
SECTEUR COOPÉRATIF
Mais ce succès de l'equity crowdfunding doit être relativisé, à l'aune de celui que connaît un autre segment du financement participatif, à savoir le prêt. En effet, l'an dernier, les plateformes de prêt aux entreprises et aux particuliers ont permis de collecter 88,4 millions d'euros. Une somme qui représente 58% du marché français du crowdfunding, contre 25% pour les plateformes de dons et 17% seulement pour le crowdequity. Il faut dire que le prêt assure aux épargnants des rendements réguliers, alors que, dans le cadre de l'equity crowdfunding, l'investisseur n'est rémunéré que par les éventuels dividendes versés par la société financée et par une hypothétique plus-value, en cas de vente de celle-ci. Et ce, dans le meilleur des cas. Car, comme le rappelle Wiseed, l'une des règles du capital-risque veut que, sur 10 entreprises financées, 3 soient liquidées - ce qui implique une perte totale de l'investissement -, 2 permettent aux investisseurs de décupler leur mise, les 5 autres laissant espérer un multiple compris entre 1 et 3. Aussi Wiseed s'est-elle diversifiée dès 2011 dans le financement de programmes immobiliers, qui présente le double avantage d'être moins risqué que l'investissement dans de jeunes pousses innovantes, et d'offrir aux investisseurs un rendement annuel compris entre 8% et 12%. Une diversification qui ne va pas s'arrêter là : "Dans le courant de l'été, nous allons lancer le financement d'activités coopératives. D'une part, parce que de jeunes entreprises innovantes adoptent souvent le statut coopératif, et, d'autre part, parce que le secteur coopératif est dynamique et en très bonne santé. Il correspond également parfaitement à l'ADN de Wiseed", indique Stéphanie Savel.
UNE INTRODUCTION EN BOURSE DANS DEUX
OU TROIS ANS