3 Billboards, les panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh - In the fade , de Fatih Akin - Ami- Ami, de Victor Saint Macary
Il y a de la précision d’orfèvre dans le travail d’équilibriste que nous livre, à chaque
film, Martin McDonagh, depuis Bons baisers de Bruges avec Colin Far rel l, aux dialogues caustiques. On retrouve l’humour noir et les mêmes malices scénaristiques dans 3 Billboards. Trois mois après le meurtre sordide d’une jeune fille, l’enquête reste au point mort. Exténuée, la mère, Mildred Hayes, campée par une impériale et féroce Frances McDormand en route pour les Oscars, choisit une solution radicale : provoquer le shérif avec un message cinglant partagé sur trois énormes panneaux publicitaires aux abords de la ville. Rien de joyeux a priori. Pourtant, le réalisateur irlandais compose une délicieuse partition entre drame et comédie, taclant des sujets aussi divers que la vengeance, les préjugés, le racisme des flics, la classe ouvrière américaine, l’opportunisme des médias… Et il n’est pas rare de s’esclaffer pour ensuite tirer une larme ( ou vice versa) tant les rythmes de cette « dramédie » s’enchaînent avec virtuosité. Un véritable numéro d’équilibriste porté par des performances d’acteurs sans faille ( Sam Rockwell est parfait en policier demeuré et raciste). Même les rôles les plus secondaires comme Jérôme le colleur d’affiches ( Darrell BrittGibson) ou Penelope ( Samara Weaving) la nouvel le femme écervelée de l’ex- mari de Mildred, brillent grâce à de fabuleux dialogues faisant mouche. Du pur divertissement dans la droite ligne de l’humour noir des frères Coen, seule limite mimétique à un film par ailleurs réjouissant.