Les chroniques de la rédaction
ÀLyon, quand on est journaliste, on peut désormais être la victime collatérale de
caprices d’élus qui ont bien du mal à accepter les critiques sur leur petite personne. C’est ce qu’ont vécu la semaine dernière Sylvie Cozzolino et Thierry Swiderski, deux journalistes de France 3 Auvergne Rhône- Alpes. Leur tort ? Avoir réalisé une série de cinq reportages sur Laurent Wauquiez jugés « déséquilibrés » par la rédaction en chef et la direction de la chaîne de télé locale. Résultat : après la diffusion des deux premiers épisodes, le troisième volet a été, ni plus ni moins, supprimé de la grille des programmes. Des sujets trop à charge contre le président LR de la Région qui reconnaît avoir demandé un droit de réponse ? Ce n’est pas du tout l’avis des journalistes de la chaîne qui ont décidé de voter le week- end dernier une motion de défiance contre leur hiérarchie. 43 des 46 votants sont en effet persuadés que la direction – qui a finalement reprogrammé les sujets en fin de semaine – a cédé à des pressions émanant de Wauquiez lui- même. Si c’est vraiment le cas, c’est très inquiétant pour notre profession de journaliste. Pas uniquement à cause du chantage qu’aurait exercé l’homme à la parka rouge. Bien sûr, ce comportement, s’il est vrai, est inacceptable. Mais cet élu ne sera malheureusement, ni le premier ni le dernier, à faire de la politique de la sorte. Le plus grave, c’est surtout l’autocensure que pourrait s’être imposée la chaîne de service public. Les journalistes mobilisés contre les patrons de France 3, ici à Lyon, assurent que ces derniers auraient préféré remettre en cause le travail de leur rédaction, – et ainsi justifier la déprogrammation des reportages –, plutôt que de dénoncer au grand jour de potentielles menaces sur leur indépendance. Ce qui n’a finalement rien d’étonnant quand on connaît Laurent Wauquiez qui aurait déjà fait des siennes il y a quelques mois. C’était aussi sur France 3, et celui qui se voit déjà président de la République aurait en effet refusé d’assister à une émission de la chaîne si l’un de ses opposants politiques était en plateau face à lui. Ça fait quand même beaucoup…