Blues pour la liberté à la Fabrique
Mercredi 20 décembre à 20 h, l’association L’image qui parle organise dans les locaux de La fabrique à parole, un spectacle pour commémorer l’abolition de l’esclavage à la Réunion : Blues pour la liberté.
Pas férié pour tout le monde
La chanteuse Arlette DurandNourly, réunionnaise, interprétera des témoignages d’esclaves, anciens et modernes. Le spectacle sera suivi d’un débat animé par Jean-Marie Philippart et Alain Le Guyader qui anime les ateliers philo de l’université du temps libre.
« C’est le 20 décembre 1848 que l’esclavage a été aboli à la Réunion », rappelle Arlette. « Là-bas, c’est un jour férié, mais ici, en métropole, non, personne n’en parle, comme si on ne voulait pas faire face à cette partie de l’histoire de France. Pourtant, il est important que les gens le sachent, oui la France a été un rouage de ce crime contre l’humanité qu’est l’esclavage ».
Encore d’actualité
« Ce sont les récents témoignages d’esclaves en Libye qui nous ont montré l’urgence de
créer ce spectacle », raconte Patricia Le Calvez, de L’image
qui parle. « Il y aura des témoignages anciens, mais aussi, malheureusement, modernes, comme cette femme togolaise vivant à Paris. D’où notre envie de toucher les générations futures. On aimerait beaucoup jouer ce spectacle dans les collèges et les lycées ».
Toucher les jeunes
« Il est important que les jeunes connaissent l’existence des deux grands crimes contre l’humanité que sont le génocide et l’esclavage », intervient
Alain Le Guyader. « Le débat permet de dépasser les bonnes ou mauvaises consciences. J’espère que des jeunes seront présents et pourront découvrir de grands hommes comme Victor Schoelcher (à l’origine d’un décret d’abolition de l’esclavage en France) ou Aimé Césaire (un grand penseur martiniquais). ».
« Mais on ne veut pas faire pleurer dans les chaumières », précise Armel Tilquin qui justement, essaie d’intéresser les établissements scolaires au projet.
« L’esclavage, on pense que ça se passe loin et il y a longtemps, on ne voit pas forcément le rapport avec la France », souligne Chloé, une jeune bénévole.
Pas anecdotique
« Le spectacle permet de rapprocher le sujet de l’esclavage qui pour les Français est éloigné de leur histoire »,
ajoute Alain Le Guyader. « N’oublions pas qu’une première loi abolissant l’esclavage a été enterrée par Napoléon en 1802. C’est la deuxième loi, celle de 1848, donc bien plus tard, que nous commémorons ».
« L’esclavage à la réunion n’est pas anecdotique. En 1848, ce sont 62 000 êtres humains qui sont devenus libres à la réunion, soit 6 habitants sur 10 », souligne Arlette Durand-Nourly.
Blues pour la liberté. Mercredi 20 décembre à 20 h. Tarif : participation libre. À La fabrique à parole : 2, rue de Run Baëlan (tourner à droite après le rond-point du Goëlo direction Beauport)