« D’un coup, on a vu une vague de boue couler dans les rues »
Au cours de la nuit du mercredi 1 au jeudi 2 mai, plusieurs communes ont été frappées par de violentsorages. De fortes et de la grêle qui ont provoqué des coulées de boue dans les rues de Fosses et de Vémars.
Le tuyau raccordé à la pompe d’évacuation des pompiers installée dans le sous-sol d’un pavillon de la Grand-Rue dans le vieux village, à Fosses, recrache de l’eau sans discontinuer sur la chaussée marron ce jeudi 2 mai au matin. Un peu plus loin, en contrebas de la D922, à l’angle de la rue de la Source, trois jeunes armés de pelles s’évertuent à évacuer plusieurs m3 de boue ayant coulé dans l’allée en pente d’un pavillon tandis. Face à eux, les agents techniques de la Ville se démènent tout autant pour retirer les nombreuses pierres et autres débris charriés par l’eau au son des engins de chantier et des tractopelles raclant la chaussée. « Ils sont sur le pont depuis cette nuit, il faut souligner le gros travail qu’ils ont réalisé », souligne sur place Pierre Barros, sénateur (apparenté Pc) et ancien maire de la commune frappée par les violents orages qui ont balayé le département au cours de la soirée du mercredi 1er mai, touchant plusieurs villes.
Alors que le Val-d’Oise qui avait été placé en vigilance orange « orages » à partir de 19h et jusqu’à jeudi 2 mai 3h, les pompiers ont réalisé 85 interventions, la plupart à Goussainville, Chaumontel, Marly-la-Ville, Vémars et Fosses. Ces deux dernières communes ayant été touchées par d’importantes coulées de boue.
« Les orages ont éclaté vers 22h, ça a duré jusqu’à 1h du matin avec de fortes pluies et de la grêle par endroit. Les grêlons n’étaient pas très gros, à peine 4 ou 5 mm, mais ils se sont accumulés jusqu’à 25 ou 30 cm de haut par endroits. La boue est arrivée par les champs situés en amont avant de couler dans la partie village (notamment par la rue de la Mairie, Ndlr), explique Pierre Barros. Les infrastructures, les routes, les réseaux d’assainissement, tout est colmaté par la terre et les pierres. Une dizaine ou une vingtaine de pavillons ont été touchés, certains ont 50 cm d’eau très sale dans leur soussol. » Une partie du cimetière a également été touchée dans la partie basse, les fouilles archéologiques sont sous l’eau. « C’est dramatique, souffle le sénateur. Heureusement, personne n’a été blessé. »
« C’est dramatique »
❝ « Le fait d’avoir supprimé les haies et les talus est la cause de ces coulées de boue » PIERRE BARROS, SÉNATEUR ET ANCIEN MAIRE DE FOSSE
« On a été alerté par les éclairs dans le ciel, les uns après les autres, puis entendu le tonnerre avant que la grêle ne se mette à tomber, ça n’arrêtait pas. D’un coup, on a vu une vague de boue et de pierres couler dans les rues », témoigne un habitant de la rue de la mairie pelle à la main et bottes aux pieds. « J’en ai à prêter pour ceux qui veulent », sourit-il en habitué de ce genre d’incident. « On a déjà eu des inondations et des coulées de boue. Une fois, l’eau était même montée à près d’un mètre », assure le quinquagénaire.
Pataugeant dans la boue jusqu’aux genoux, Véronique, elle, n’avait jamais vu ça. « On savait qu’il y avait un risque d’orage, mais on ne s’attendait pas à une telle force. En quelques minutes, notre jardin puis notre sous-sol ont été inondés, nous n’avons rien pu faire. » Des coulées de boue qui ont également entraîné une interruption du trafic sur la ligne du Rer D dans la soirée, mais également au cours de la journée de jeudi.
Des incidents qui auraient pu être évités, estime Pierre Barros, mettant en cause la responsabilité des agriculteurs. « Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Nous avons fait des études par le passé qui démontrent que le fait d’avoir supprimé les haies et les talus est la cause de ces coulées de boue », assure le sénateur avant de confier : « Je n’ai rien contre les agriculteurs. Ces incidents doivent permettre de relancer le combat que mènent les élus locaux face à ce problème. »
Pavillons et poste de police inondés
À quelques kilomètres de là, Vémars n’a pas non plus été épargnée par les orages. Vers 22h45, la rue François-Mauriac a pris des allures de rivière à la suite d’une pluie torrentielle. Près de 35 mm seraient tombés en l’espace de quelques minutes. Cinq pavillons ont été inondés, nécessitant l’intervention de trois véhicules des sapeurs-pompiers pour procéder à l’assèchement des sous-sol, la municipalité précisant que 45 logements ont été touchés. La Ville a mis en place une ligne téléphonique pour recenser les victimes des intempéries afin de monter un dossier pour obtenir la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle.
Infiltrations d’eau à l’aéroport de Roissy, des avions détournés
Pas de coulée de boue, mais des inondations à Goussainville, où les pompiers sont intervenus vers 23h après que les 180 m2 de locaux du poste de police municipale et de son centre de supervision urbain se sont retrouvés sous plusieurs centimètres d’eau.
Des orages qui ont également eu des incidences sur la circulation sur l’autoroute A1, plusieurs véhicules se retrouvant à l’arrêt sur l’axe, mais également sur le trafic aérien. Selon le site Flightradar, une dizaine d’avions qui devaient atterrir à l’aéroport de Roissy ont été déroutés à cause de l’épisode météo, de l’eau s’étant infiltrée dans les terminaux.