Léon Chouen à jamais gravé
Alors qu’une polémique se poursuit autour de la statue du général Leclerc, située en haut de l’escalier de la rue Thiers, il est un autre Pontoisien de naissance, dont l’histoire vient de sortir de l’oubli. Léon Chouen, 17 ans, déporté et mort à Auschwitz (Pologne) en 1943, était dans l’attente de l’inscription de son nom sur le monument aux victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale, à l’entrée de l’hôtel de ville.
La Gazette du Val-d’Oise avait remarqué cette absence en consultant les archives du Mémorial de la Shoah à Paris et en avait informé la mairie.
En épluchant la liste des convois pour les camps d’extermination, notre journal avait relevé les états civils et les dernières adresses connues des victimes pontoisiennes au moment de leur rafle.
On y apprenait ainsi que Léon Chouen avait été arrêté en Aquitaine et était parti de Bordeaux (Gironde), le 2 février 1943, dans un convoi de 97 détenus à destination du camp de Drancy (ex-Seine).
« Il est arrivé depuis le camp de Mérignac (Gironde) au camp de Drancy le 3 février 1943. Il a été déporté et, à notre connaissance, n’a pas survécu », avait précisé le centre de documentation du Mémorial de la Shoah à Paris.
« Domicilié 15, rue de la Roche à Pontoise, ville où il est né le 30 décembre 1924, Léon Chouen a été déporté par le convoi 48 du 13 février 1943 », nous avait aussi confirmé Serge Klarsfeld, président de l’association des Fils et Filles des déportés juifs de France et auteur du volumineux Mémorial de la Déportation.
Un arrêté de 2012
Un autre élément avait appuyé l’enquête du journal. Un arrêté du 25 octobre 2012, publié au Journal officiel, obligeait à « l’apposition de la mention : mort en déportation, sur les actes et jugements déclaratifs de décès de : Chouen (Léon), né le 30 décembre 1924 à Pontoise (Seine), décédé le 18 février 1943 à
Auschwitz (Pologne). »
Depuis le 15 mai 1985, une loi a été promulguée pour combler un manque administratif et s’applique à l’ensemble des déportés (résistants, politiques, raciaux, otages, homosexuels…) connus.
Mais celle-ci est encore largement non appliquée. Parfois, parce que la personne n’a jamais été déclarée décédée et qu’aucun document n’atteste de sa déportation.
Sur le cas Chouen, Stéphanie Von Euw, la maire (Lr) de Pontoise (depuis 2020), avait affirmé « apprendre ces éléments ». Elle s’était aussitôt saisie du sujet et empressée de consulter les registres d’état civil pour s’assurer que la mention obligatoire « Mort en déportation » figurait bien sur l’acte de décès du Pontoisien.
« L’ajout a été effectué en 2014 », avait relevé la maire sur ce point.
Quant à l’absence de l’identité du jeune déporté sur le monument à l’entrée de la mairie, l’élue avait une explication. « La plaque commémorative date de 1966 », précisait-elle avant d’assurer que « le nom de Léon (Chouen) sera gravé ».
« Le devoir de mémoire, ce n’est pas que les cérémonies », ajoutait l’édile, en
« réparer cet oubli ». tenant à
C’est désormais chose faite. Le nom de L. Chouen a été ajouté sur le monument en mairie.
Celui de ses parents, également déportés, y figurait déjà.
En 2021, sur les plus de 115 500 déportés estimés de France, seulement 81 474 étaient mentionnés « morts en déportation ».