Dominique Lefebvre : la tentation de Cergy
Il n’a pas l’intention de lâcher les rênes de l’agglo en 2020. Un objectif qui passe par une nécessaire réélection à Cergy. En qualité de maire ? Et pourquoi pas…
Partir ou rester, telle était la question. Dominique Lefebvre (Ps) a tranché : il reste. Et pas pour jouer les simples spectateurs. Non, pour continuer d’agir sur le territoire de Cergy-Pontoise et ses 13 communes parmi lesquelles Cergy… Cergy, cette ville dont il a été maire pendant 17 ans. Un mandat qu’il n’aurait jamais lâché sans la loi sur le non-cumul qu’il a anticipé dès janvier 2013…
« J’ai été le seul à le faire… S’il n’y avait pas eu cette loi, je serais resté maire de Cergy. » Cinq ans déjà et rien n’a changé pour le président de l’agglo cergypontaine. Pas même sa défaite aux législatives de juin 2017 consécutive au raz-de-marée En Marche. Le socialiste n’a pas rendu les armes. La preuve : en 2020, il est prêt à rempiler à la tête de l’agglo cergypontaine, dont il assure la présidence depuis 2001.
« Je serai présent en 2020 pour gagner et pour faire avancer les projets de ce territoire. » Campus international, reconversion de la tour Gdf en logements étudiants, déménagement de la Caf, refonte du pôle gare, livraison du quartier des Marjoberts, extension des 3-Fontaines… Des projets en cascade que le patron de l’exVille nouvelle, 61 ans, a l’ambition chevillée au corps de celui qui veut les mener à bien.
Parce qu’il en va de l’avenir de Cergy-Pontoise, navire qu’il a la prétention de savoir gouverner dans un climat « apaisé » entre une gauche et une droite au pouvoir partagé. Et parce qu’il ne veut laisser personne les empêcher ou s’en approprier la paternité. Après les avoir, au mieux, jamais portés. Au pire les avoir combattus, toujours.
« On n’est que de passage, je ne suis pas contre, mais il faut rendre à César ce qui appartient à César ! » César, c’est lui. Et quand on tente de lui voler le succès de Cergy, désignée par Le Figaro ville la plus dynamique de France en août dernier, l’ancien maire de Cergy s’étrangle.
« Ce classement, c’est le résultat de politiques antérieures à 2013, il faut savoir s’inscrire dans l’histoire ». Autrement dit, savoir rester à sa place. Dans la ligne de mire : Jean-Paul Jeandon, l’actuel maire Ps de Cergy, qui, dans l’édito du hors-série du mag’ municipal de janvier-février, écrit : « Cergy, la ville de plus de 50 000 habitants la plus dynamique de France, c’est la reconnaissance de la politique que je porte depuis l’élection municipale de 2014 ».
Pour que Dominique Lefebvre continue de tenir les rênes de l’agglo, deux conditions au moins devront être réunies. Que la gauche l’emporte lors des municipales de 2020. Et qu’il soit réélu dans son ancien (et toujours) fief de Cergy. En tant que tête de liste ou simple colistier ? Tout est possible.
« Je suis ouvert à tout. Je serai candidat sur une liste de gauche, je ne sais pas encore laquelle. Je suis disponible. Sauf si on n’a pas besoin de moi. Je peux faire autre chose, je ne suis pas accroché à un siège ou à un mandat. Tout se décidera en septembre 2019. Je n’ai pas forcément vocation à redevenir maire de Cergy mais je peux continuer à jouer un rôle sur ce territoire. Me dire : ce qui va se passer après 2020, ça ne m’intéresse pas, je ne peux pas ».
Tirer sa propre liste pour faire barrage à La République en marche qui claironne un peu partout viser Cergy en 2020 et clouer le bec à une droite nourrie de revanche, Dominique Lefebvre ne l’écarte pas. Il ira « s’il y a poursuite de nos projets et un profond renouvellement (de la liste, ndlr) ».
« Je veux mettre mon expérience au service de ce renouvellement, dit-il encore. La vraie force de cette ville, c’est sa jeunesse. Il faut porter l’identité cergyssoise. J’ai rencontré énormément de gens qui sont attachés à cette ville lors des législatives. Je ne comprends pas qu’Alain Richard (sénateur Lrem-ex Ps) annonce qu’En Marche prendra Cergy en 2020. Cergy est une ville de gauche et elle le restera. Cergy et Cergy-Pontoise ne sont pas faites pour la marche. Sur ce territoire, mieux vaut courir que marcher pour ne pas se casser la gueule. »
Dominique Lefebvre de retour aux affaires dans une ville qui « a besoin de proximité et où il faut être très présent » ? Le scénario n’est pas farfelu. Il est prêt à replonger. À remettre les mains dans le cambouis. Comme à l’époque, pas si lointaine, où il sillonnait Cergy au gré de visites de quartier. Qu’il pleuve ou qu’il vente.
Quitte au passage à torpiller la candidature de Jean-Paul Jeandon ? « Lui, c’est lui, moi, c’est moi ! Il ne me demande pas mon avis, et pas de conseils non plus. Mais j’écoute et j’entends ce qui se dit et ce qui se fait. »
Même le spectre du combat de trop ne l’effraie pas. « Le combat de trop, c’est quand il n’y a pas de raison de mener un combat et qu’on ne se rend pas compte qu’on va le perdre. Ce sont les électeurs qui décideront s’il est temps de passer la main. Ce risque politique, je suis prêt à le pousser au bout. » Non, Dominique Lefebvre n’a pas changé. Il est parti pour rester. Parti peut-être aussi pour mieux revenir…
« En 2020 pour gagner » « Mieux vaut courir que marcher »