La mise en place du dispositif Voisins vigilants a fait débat
Lors du dernier conseil municipal, jeudi 28 septembre, les élus pontoisiens ont ainsi voté en faveur de la mise en place du dispositif Voisins vigilants. Le principe de ce dernier est simple : le maire désigne des référents volontaires, « des habitants attentifs à leur quartier, majeurs et résidant à Pontoise », a précisé le maire (Lr) Philippe Houillon. Les référents ont ensuite pour mission de surveiller les logements temporairement inhabités, mais aussi de détecter les comportements suspects et de signaler tout fait considéré comme « anormal », c’est-àdire « les dégradations, incivilités, véhicules en repérage, etc. », note la mairie. « L’objectif est d’apporter la réponse la plus ciblée possible aux problèmes de délinquance. […] Il s’agit également de développer la solidarité de voisinage en renforçant le lien social entre les habitants », a présenté Philippe Houillon.
45 minutes de débat
Or, le dossier Voisins vigilants a provoqué une vague de mécontentement du côté de l’opposition qui n’a pas manqué de le faire savoir. Dans l’ordre, l’écologiste Bénédicte Ariès (Eelv) du groupe La Transition écologique à Pontoise, Christian Mongondry et François Ernst (Lrem), du groupe Pontoise pour tous, Patrick Morcello de Pontoise à Coeur et Solveig Hurard (Front de gauche), du groupe Pontoise à gauche vraiment, ont exprimé leurs craintes tour à tour. « Je voudrais rappeler que Voisins vigilants n’est pas une association désintéressée, mais une société commerciale de vente de panneaux siglés qui « merchendise » la sécurité publique. Je signale que la Région Île-de-France a retiré ce dispositif de ses financements, même si elle continue à accompagner les communes en matière de sécurité », a remarqué Bénédicte Ariès. « Il me semble que ce rôle de quasi garde champêtre, même bénévole, qui semble sans grand risque dans les petites communes du Vexin, expose nettement plus les volontaires dans les quartiers un peu chauds. Sont-ils au moins un peu protégés par ce statut ? », a-t-elle poursuivi.
Une sécurité des référents qui inquiète également François Ernst : « Il paraît dangereux de déléguer une mission régalienne à de simples citoyens. » L’élu a précisé qu’il « n’existe aucune demande politique du pouvoir actuel quant à la mise en place d’un tel dispositif ». « sur le plan juridique, toutes les délibérations ont pour fondement une loi ou un décret, or le dispositif Voisins vigilants a pour fondement qu’une simple circulaire du 22 juin 2011. »
Enfin pour Solveig Hurard, « il n’est pas très compliqué d’imaginer à quelles dérives cela peut conduire et quelles suspicions cela va engendrer entre voisins. » D’après elle : « Dans la République, il ne revient pas à chaque individu de se substituer aux forces de l’ordre, sans formation et un sens de l’éthique variable. » Et l’élu d’aller encore plus loin : « L’esprit des Voisins vigilants rappelle des lieux et des heures sombres. »
« Dangereux pour les référents »