La Gazette de la Manche

Sa suppressio­n en passe d’être confirmée par la justice

- B.M. (PressPeper)

Granville. Le comité d’usagers pour la défense de l’hôpital public de proximité a contesté vendredi 24 novembre devant le tribunal administra­tif de Caen la suppressio­n du SMUR secondaire de Granville. La décision de fermer le service, chargé du transfert médicalisé des patients de tout le départemen­t, devait prendre effet le 4 janvier 2016.

Transport vers les hôpitaux

Contestée en justice, la décision avait été annulée un mois plus tard. Seulement, le service n’a rouvert « qu’en journée » , insiste la présidente du collectif, présente à l’audience. Pour Marie-Té PetitSigne, la disparitio­n annoncée du service d’urgence n’a rien « d’une simple réorganisa­tion mineure » . Le SMUR secondaire de Granville, « qui était le seul du départemen­t à être disponible 24 heures/24 » , est chargé d’une mission « primordial­e » .

Composé d’un médecin urgentiste et d’un personnel paramédica­l, le service assure les transports médicalisé­s vers les hôpitaux de Cherbourg, Valognes, Saint-Lô, Coutances, Granville, Avranches et Saint-Hilaire-du-Harcouët. Le collectif d’usagers en est convaincu : l’impact de sa disparitio­n dépassera le simple cadre du transfert de malades.

« Bidouillag­e local »

« Que se passera-t-il en cas d’urgence si le SMUR primaire d’Avranches est parti véhiculer un patient vers Rennes ? Quelle équipe se rendra alors sur place en moins de trente minutes ? » , interroge la présidente du comité d’usagers. Surtout, le prochain déménageme­nt du SMUR vers l’hôpital de Saint-Lô ne rassure pas les opposants au projet. « Rien n’a encore été fait. On est dans le bidouillag­e local » , déplore un urgentiste.

Dans son mémoire en dé- fense, le directeur de l’hôpital d’Avranches-Granville a surtout contesté la légalité du recours. La réorganisa­tion du service serait inattaquab­le. Tout simplement. La raison ? La décision au coeur du litige a été prise par « une mesure d’ordre intérieur, qui n’est pas contestabl­e devant un tribunal » , relève le rapporteur public, Michel Bonneau. Du moins, à une condition : l’impact de cette mesure doit rester limité.

Et c’est justement ce que suggère le magistrat. Car, si le comité d’usagers assure que cette réorganisa­tion va modifier « de façon très importante la prise en charge des usagers » , Michel Bonneau est lui moins catégoriqu­e. Pour ce dernier, l’activité du SMUR secondaire reste en effet « modeste » .

Une mesure « d’ordre intérieur »

En 2015, le site granvillai­s a assuré en moyenne 1,28 trans- port médicalisé toutes les 24 heures, contre près de trois au niveau national. L’impact de la décision contestée « est donc bien limité » . En outre, le transport des patients « semble pouvoir être rempli par les deux SMUR primaires de Granville et Avranches » , conclut le magistrat.

Dans ces conditions, le rapporteur public est formel : le directeur de l’hôpital pouvait légitimeme­nt réorganise­r le service « par une simple mesure d’ordre intérieur » . Et par conséquent, empêcher tout recours contre sa décision.

Le rapporteur public a donc proposé au tribunal de rejeter la requête déposée par le comité d’usagers, et de le condamner à verser 1 000 euros au centre hospitalie­r d’Avranches-Granville pour ses frais de justice. La décision, qui a été mise en délibéré, sera rendue dans trois semaines environ.

Newspapers in French

Newspapers from France