Pierre-Yves Halley à L’Autre Café
Saint-Laurent- de-Ter
regatte. On connaissait déjà le transhumanisme moins le transanimalisme… Un néologisme créé ou repris de façon subliminale par l’artiste plasticien de Marcilly.
Le transhumanisme, le transanimalisme. Deux mots, en effet, relativement récents pour décrire deux idées aux connotations contradictoires : le premier prône l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. L’autre en dénonce les dérives et sous-tend, de manière opposée, une régression humaine et ses conséquences désastreuses sur la planète.
Depuis le 1er et jusqu’au 30 septembre prochain, l’artiste de Marcilly Pierre-Yves Halley présente à l’Autre Café, à la Roche- qui boit, une exposition intitulée Les Hommes de chiffons et de cartons et transanimalismes.
« Transformation en animal »
L’unité se décline en dix tableaux réalisés à partir de matériaux utilisés par les ouvriers sur les chantiers : du ciment, du carrelage, du ragréage ou bien du mastic car
« ça accroche, note le plasticien Pierre. Ça accroche mieux. Et ça
pose questions certes. » Fautil s’incliner devant le progrès des sciences, des techniques et de la production sans en interroger le prix humain et environnemental ?
Lors de son périple via les différents tableaux, le visiteur est accompagné par une bande sonore qui arrive en complémentarité de cette unité pour La Mise en monstre d’un nouveau monde. Le « pèlerin » de cette étrange odyssée est parcouru par des sonorités tantôt punks, tantôt doucereuses, qui invitent donc soit violemment, soit docilement, le consommateur à poursuivre son chemin pour atteindre le sacré code- barres. Pierre-Yves Halley a créé du son, des samples à partir de bruits modifiés non-sens, pourà l’absurde.donner du sens au
chantier, Commeil s’estun attaquéartisan sanssur filetson à « un vampirisantmonde qu’il » , décrit« phagocy- comme tant » , « véritable fléau de civilisation » qu’il compare à « du fascisme, à une dictature nazi ». Ce fléau : la surconsommation.
Aussi, l’artiste n’y croit pas, ou plus, à la perfectibilité humaine. Elle est désenchantée, déchirée. « La technologie a aujourd’hui dérivé, l’homme mute et se transforme en animal. »
Et à l’instar du philosophe Hobbes, Pierre-Yves Halley rappelle que « l’Homme est un loup pour l’Homme. Qu’il a des crocs, et qu’il est le pire ennemi non seulement de son semblable, mais aussi de la Terre entière qu’il vampirise et qu’il épuise sans aucun principe de précaution. »
L’idée de progrès, qui remonte à la philosophie des Lumières, semble vaciller. « La société prône un faux bonheur : la soif toujours inassouvie de l’avoir, toujours de l’avoir au détriment de l’être… Il suffit de voir tous ces êtres abandonnés sur le parvis de la société, comme des chiens. »
Et chacun des dix tableaux porte un titre pour le moins révélateur, une légende progressiste prête à interpeller, à interloquer, à dénoncer voire même à choquer : Tout doit disparaître, La Mise en monstre d’un nouveau monde, Des Spots publicitaires, Bonne Année et surtout bonne santé, La Dictature commerciale, Bonheur sans fin, Devant La Porte, Comme Un Chien, Comme Un Fauve dans une cage urbaine, Forêt code barre, Code barre derrière les grilles.