LE ROMAN D’UN FLAMBEUR
PDG, ministre, patron de club, acteur, chanteur… Tapie a connu mille vies. Jugé, à 76 ans, pour “escroquerie” et “détournement de fonds”, il remonte sur le ring pour livrer son dernier combat
Al’ouverture de son procès, quand Bernard Tapie, flanqué de ses avocats, pénètre dans la vaste salle d’audience par une porte dérobée, on peine à reconnaître la bête de scène. Costume bleu nuit, cravate sombre, l’homme, 76 ans, a soigné les apparences. Mais la démarche est ralentie, la silhouette un peu voûtée, les traits tirés. Tapie le boxeur semble déjà sonné avant de monter sur le ring, lui qui dit pourtant livrer ici son « dernier combat ». Et puis, petit à petit, le fauve à crinière blanche apprivoise les lieux. Quelques échanges aigres-doux avec les avocats de la partie civile. Quelques piques à l’attention des journalistes. Et le voilà comme requinqué par l’adversité. Prêt à bondir et à en découdre. Sa voix rauque et gouailleuse ranimant le reste du corps. « Arrêtez de dire que je fais le show », reproche-t-il à des journalistes à la fin d’une audience. Il a raison. Bernard Tapie ne fait pas le show. Il fait du Tapie. Tonitruant, incontrôlable, se défendant comme un beau diable,
quitte à s’arranger parfois avec la vérité. Faisant rire la salle, comme lorsqu’il emprunte les lunettes du procureur pour lire un document sur un portable. Avant de demander à son ancien avocat, Me Maurice Lantourne, lui aussi prévenu, de répondre à sa place à une question embarrassante : « Au prix où on paie les avocats », lâche-t-il alors, tout sourire. « Profession : acteur » n’a-t-il pas déclaré à la barre?
Ce procès, qui s’est ouvert le 11 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, n’est que le dernier chapitre en date du roman de ce bluffeur hors pair. En compagnie de cinq autres prévenus, il y comparaît pour « escroquerie » et « détournement de fonds », dans le cadre de l’arbitrage lui ayant accordé 404 millions d’euros pour solder le litige l’opposant au Crédit lyonnais. Il s’agit du volet pénal d’un dossier qui a déjà été jugé au civil en 2015, la Cour de Cassation ayant requis le remboursement des 404 millions litigieux. L’affaire, qui remet Bernard Tapie sur le devant de la scène, recèle des ingrédients explosifs : gros sous, affairisme, politique. Comme un résumé des mille vies qu’il a déjà vécues. Son ascension fulgurante, sa chute violente, sa renaissance inespérée, sa maladie : voilà trente ans qu’il tient le pays en haleine. « Il incarne les deux religions du monde moderne : l’argent et le spectacle », disait de lui Jacques Julliard dans les années 1980.
Dans le reflet que nous renvoie cet inlassable hâbleur, tour à tour businessman, patron de club, ministre, prisonnier, acteur, c’est un morceau de notre histoire qu’on contemple. Peut-être parce qu’au pays des castes et des sans-culottes, il est le point de contact entre ces deux mondes. Aux uns, il se vend comme le tribun du peuple ; aux autres, il promet les lendemains qui chantent. Et ça marche. Souvent touché, jamais coulé, toujours là où on ne l’attend pas, comme lorsqu’il soutient les « gilets jaunes », jusqu’à payer le déplacement d’Ingrid Levavasseur à Marseille en janvier dernier. Lui qui n’a toujours pas réglé une ardoise fiscale à 30 millions d’euros! Il conteste le montant. « Au-delà du point de vue moral, on ne peut qu’être ébloui par l’énergie qu’il déploie et par le culot dont il fait montre », confie un des avocats qui le combat depuis plus de vingt ans. Quand ce ne sont pas ses adversaires qui confient leur fascination, c’est son ancien homme à tout faire, Marc Fratani, qui livre ses secrets, après une brouille avec son ancien mentor, qui n’avait même pas pris la peine de le prévenir qu’il rachetait « la Provence » et qui aurait fait capoter l’affaire d’un de ses amis. « C’est un génie. Un mauvais génie, mais un génie! » dit-il.
“LES NIQUEURS ET LES NIQUÉS”
Pour comprendre le phénomène, il faut remonter aux origines. Né à Paris en 1943, Bernard Tapie, fils d’un ajusteur-fraiseur et d’une aide-soignante, est une manière de Rastignac du Blanc-Mesnil, la commune de la banlieue ouvrière du nord de Paris où il a grandi. «Mes parents n’avaient guère d’argent, pas d’auto, l’eau sur le palier, les toilettes dans la cour », disait-il, à ses débuts. Malgré sa condition, l’impétueux affirme avoir décroché un diplôme d’ingénieur. Ses multiples biographes n’en ont toutefois jamais retrouvé la trace. C’est à l’armée que le bidasse Tapie va connaître la « révélation ». Sous l’uniforme kaki, il découvre que tous les hommes se valent. Et lui, un peu plus que les autres : « Je me suis très vite rendu compte que j’étais aussi largement à l’aise dans toutes les situations qui se présentaient que bien des jeunes qui ne s’étaient donné que la peine de naître. »
Le jeune prolo aux « yeux trop grands » rêve de grandeur. « Dans la vie, il y a les niqueurs et les niqués », dira-
t-il un jour à l’actrice Agnès Soral, avec laquelle il partage l’affiche. Cette vision du monde lui sert de doctrine. Après son service militaire, il monte son premier magasin, du côté de la gare de l’Est. Il y vend des téléviseurs, lui qui, quelques années plus tard, deviendra le bateleur préféré des tubes cathodiques. Bagout hors norme. Culot assorti. Un jour, il est arrêté pour excès de vitesse. Vingt minutes plus tard, il fait signer au policier un bon de commande pour une télévision toute neuve. Déjà touche-à-tout, il enregistre, en 1966, sous le nom de Bernard Tapy, plusieurs 45-tours, dont « Passeport pour le soleil » et « Je ne crois plus les filles ». Aucun ne deviendra un succès. Il doit remiser ses rêves de crooner. A la même période, il s’essaie aussi à la course automobile. Un coma de quelques jours après un accident le décide à arrêter les frais.
C’est désormais dans les affaires qu’il va déployer son tempérament de fonceur. Il s’associe à Marcel Loichot, fondateur de la Sofres, conseiller de De Gaulle, un virtuose des montages financiers et de l’exploitation des failles juridiques. Ensemble, ils ouvrent au début des années 1970 le Grand Dépôt, un magasin d’électroménager à prix cassés. L’affaire périclite au bout de quelques années, Bernard Tapie, accusé d’« abus de biens sociaux », doit rembourser les créanciers. Qu’à cela ne tienne, en 1974, l’ambitieux lance Coeur Assistance, sorte de SOS Médecins pour cardiaques. L’affaire se termine cette fois-ci à la barre du tribunal de commerce. « La société a été asphyxiée par l’establishment », dira-t-il. L’argument deviendra une rengaine chez lui.
C’est à la barre de ces mêmes tribunaux qu’il va forger ses futurs succès. Pour un franc symbolique, il enchaîne les reprises d’entreprises en perdition : Manufrance, Look, La Vie claire… Tapie parvient à redresser certaines d’entre elles. Pour les autres, il sait en donner l’illusion. Il achète, il se vend. En 1979, il signe son premier coup fumant : il reprend à bon prix les quatre châteaux de l’ex-empereur de Centrafrique, Jean-Bedel Bokassa, qu’il a persuadé de l’imminence de leur saisie par les autorités françaises. Il est finalement condamné à rendre les biens.
Une péripétie judiciaire sans conséquence pour lui. A force, l’homme d’affaires s’est constitué un groupe de 8000 salariés, 110 millions de francs (17 millions d’euros) de chiffre d’affaires. « Je me demande où m’entraîneront mes fantasmes de puissance », s’interroge-t-il alors à haute voix. Après les affaires, ce sera dans le sport. En 1983, il monte sa propre équipe de cyclistes et se paie l’une des idoles françaises : Bernard Hinault, quatre Tours de France à son actif mais un genou qui grince. Tapie a redressé des canards boiteux ; il peut bien relancer un cycliste traînant la patte. Deux ans plus tard, Hinault remporte son cinquième Tour. Tapie le conquérant est aux anges. Dans son costume ajusté, ce quadra à gueule de baroudeur devient le « start-upper » vedette des années 1980. Il rachète un des plus beaux hôtels particuliers de Paris au couturier Hubert de Givenchy :
“JE ME DEMANDE OÙ M’ENTRAÎNERONT MES FANTASMES DE PUISSANCE.” BERNARD TAPIE
« Quand je suis né, vous savez quelle était ma seule chance d’entrer ici? Devenir le facteur du quartier. » La télé l’adore. Il crève l’écran. Même quand il s’agite en débardeur rouge et survêtement vert devant les caméras de « la Saga des faiseurs de fric » : « L’unité de mesure d’un système capitaliste, c’est l’argent. Et j’ai une volonté féroce de gagner beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent », plastronne-t-il, dégoulinant de sueur.
Dans la France mitterrandienne, Tapie ne se contente pas de parler d’argent. Il le vante, l’exhibe, le chante. Le président en personne s’intéresse au flamboyant businessman. Séduction immédiate. Plus tard, le bluffeur dira que le président socialiste est le seul à l’avoir bluffé. Parlent-ils déjà de politique ? Il y a, chez Bernard Tapie, ce désir de respectabilité : « Après quoi je cours ? L’argent, j’en ai beaucoup, la gloire, un peu. Mais l’honneur, pas du tout. » En octobre 1985, lors d’un dîner à l’ambassade d’URSS, il fait la connaissance d’Edmonde Charles-Roux, l’épouse du maire de Marseille, Gaston Deferre. Elle lui laisse entendre que la cité aurait bien besoin d’un homme comme lui. Bernard Tapie se prend au jeu. Pour conquérir Marseille, il s’attaque à son coeur : l’OM, vieille gloire décatie du football. Recrutements de stars, shows pyrotechniques : sous son règne, le Vélodrome se remet à vibrer, et l’OM, à gagner.
“AFFAIRISTE REPEINT EN ROSE”
En 1989, Bernard Tapie devient député de la ville. Un lot de consolation, en vérité. Un an plus tôt, après la réélection de François Mitterrand, Michel Rocard a refusé d’en faire un de ses ministres : « Il n’y aura pas d’affaire Stavisky dans mon gouvernement », aurait-il argué – en 1994, Tapie se vengera en torpillant sa campagne européenne. Il ravale sa déception en battant un record de traversée de l’Atlantique à bord de son voilier « le Phocéa » avant de se jeter avec ferveur dans la bataille des législatives. Il traite les lepénistes de « salopards », promet d’éradiquer le chômage des jeunes de la circonscription. Sur le Vieux-Port, ce saltimbanque venu de Paris est accueilli avec des épines plutôt que des roses par les socialistes locaux. Cadeau de bienvenue : une circonscription aussi excentrée qu’ingagnable. Heureusement, il peut compter sur d’autres soutiens.
« Quand Tapie débarque à Marseille, il a treize jours pour faire sa campagne, raconte aujourd’hui celui qui deviendra son attaché parlementaire, son chauffeur, son factotum, Marc Fratani, attablé au bar d’un hôtel marseillais surplombant le Vieux-Port, où se croisent, depuis des décennies, politiques, footballeurs et voyous. Je sais que, sans aide, il va se faire massacrer. » Né à Marseille de parents corses, l’homme connaît tous les milieux et organise une réunion entre le candidat et deux parrains de la ville dans un hôtel. « La première chose que leur a dite Bernard Tapie c’est : “Moi, je suis comme vous, j’aurais pu tomber de votre côté.” A cette réunion, des engagements sont pris, mais ni financiers ni commerciaux. Ils se disent : “Nous ne viendrons pas contrarier les intérêts des uns et des autres.” » Au second tour, Tapie est battu de quelques centaines de voix par
le candidat de l’UDF. Un policier proche du Milieu transmet alors un tuyau aux « amis » de Fratani : des fausses procurations ont circulé en pagaille. Quelques semaines plus tard, le Conseil constitutionnel annule l’élection. Et, en janvier 1989, Bernard Tapie remporte la législative partielle.
Au palais Bourbon, l’accueil est glacial. Les socialistes snobent cet « affairiste repeint en rose ». La droite l’ignore. Lui-même se fait rare dans l’Hémicycle. Une fois de plus, la télévision le remet en selle. Sur le plateau d’Antenne2, lors d’un débat avec Jean-Marie Le Pen – que tous les hiérarques socialistes ont décliné –, il renvoie le leader frontiste dans les cordes. « On ne m’épate pas souvent en politique, mais pour ce que vous venez de faire, chapeau! » lui glisse le président de la République après l’émission.
Le jeune député n’a pas pour autant renoncé aux affaires. A l’été 1990, il réalise même son plus gros coup : le rachat d’Adidas, un des fleurons mondiaux de la fabrication de vêtements de sport. A-t-il eu les yeux plus gros que le ventre? Il a emprunté près de 2 milliards de francs (305 millions d’euros) pour racheter la société. Un plan de restructuration drastique est mis en place. En avril 1992, il est nommé ministre de la Ville au sein du gouvernement Bérégovoy. « Un peu guidé par la vanité et par mes origines, j’ai fait le choix de devenir un moyen riche ministre, plutôt qu’un très riche homme d’affaires », a-t-il expliqué, la semaine dernière, à la barre du tribunal correctionnel. Il affirme alors qu’il veut se consacrer exclusivement à la politique. Et c’est pour ça qu’il revend Adidas. En réalité, il croule sous les dettes. Ce qu’il conteste aujourd’hui encore.
En mars 1993, la gauche est balayée aux législatives. Dans la bérézina, Bernard Tapie réussit à conserver son siège. Pour ce faire, il est allé rencontrer son ennemi juré, Jean-Marie Le Pen, pour lui demander de maintenir son candidat au deuxième tour ! Longtemps nié par Tapie, cet épisode est désormais confirmé par Marc Fratani. C’est lui qui l’a accompagné à Montretout. « Il a un pouvoir d’adaptation et de persuasion incroyable. Je ne l’ai jamais vu mis en difficulté par quelqu’un. Mais il a aussi un pouvoir de mystification… J’ai toujours été fasciné de le voir dire des mensonges plus gros que lui, et de regarder l’effet que cela faisait sur les gens », raconte Fratani. Voilà Bernard Tapie de retour au palais Bourbon. Le 26 mai 1993, l’OM remporte la prestigieuse Ligue des Champions face à l’AC Milan. Ce succès assoit définitivement sa légende. Mais du Capitole à la roche Tarpéienne, il n’y a pas loin. Quelques jours après ce sacre, un modeste arrière central de Valenciennes va provoquer sa chute. Il révèle avoir été approché par les Marseillais pour lever le pied en échange d’une rémunération. L’affaire OM-VA devient le feuilleton de l’été. En pleine tourmente, Tapie demande à voir Eric de Montgolfier, l’inflexible procureur de Valenciennes. Il arrive en retard. « Je sors de l’Elysée », s’excuse-t-il, l’air de rien. Le magistrat s’interroge
encore : « A-t-il tenté de me corrompre quand il m’a dit : “Monsieur le procureur, je viens de voir François Mitterrand… Et vous, là, dans un si petit poste…” »
Devant le tribunal qui le juge aujourd’hui, Tapie le bluffeur ne peut s’empêcher de fanfaronner. Oui, il a été à l’Elysée, et pas que sous Mitterrand et Sarkozy. « Les relations ont été à peu près les mêmes avec tous les présidents. Il y a des gens qu’on appelle les visiteurs du soir, des gens auxquels on reconnaît des capacités d’analyse. Par ma naissance, j’ai des connaissances que ceux sortis des grandes écoles n’ont pas », a-t-il assuré. Quand on lui parle de sa mise en examen, en 1994, par une juge d’instruction jeune mais pugnace, Eva Joly, qui le soupçonne de piocher dans les caisses de ses entreprises, il se souvient : « Vous savez ce que je lui ai écrit un jour comme dédicace? “A ma juge préférée.” Elle m’a mis six fois en examen, j’ai finalement obtenu six non-lieux. »
“EDMOND DANTÈS, C’EST MOI !”
Quand, à son tour, le Crédit lyonnais se retourne contre son ancien client, ses meubles sont saisis devant les caméras. Les policiers, venus à l’aube, sont accueillis par une bordée d’injures : « Bande d’enculés! Salopards! » Tapie refuse même de se vêtir. Cerné par les affaires, en faillite personnelle, il crie au complot. « Je suis tellement parano que je ne peux m’empêcher de faire le lien entre ce qui m’est arrivé et le fait que je fasse de la politique », dit-il encore aujourd’hui. En novembre 1995, il est condamné à deux ans de prison, dont huit mois ferme dans l’affaire OM-VA. Deux ans plus tard, ayant épuisé tous les recours, il est incarcéré à la Santé, en profite pour lire « le Comte de Monte-Cristo », dont le héros, après un long séjour en prison, revient se venger. « Edmond Dantès, c’est moi! » clame-t-il à sa sortie.
A 55 ans, Tapie entame une troisième carrière, loin de la finance et de la politique. Il fait l’acteur au théâtre et l’animateur de libre antenne pour RMC. Rencontré en prison, André Guelfi dit « Dédé la Sardine », un intermédiaire haut en couleur, l’embarque pour signer quelques contrats en Russie. « J’étais à la rue, je n’étais plus éligible, je n’avais plus le droit de faire des affaires, plus le droit de voter », a expliqué Tapie la semaine passée au tribunal. Les deux hommes se fâcheront par la suite. « Dédé la Sardine a financé le train de vie de Tapie à sa sortie de prison. En échange, il devait toucher une partie de l’argent de l’arbitrage », avance un avocat.
L’homme d’affaires déploie tout l’activisme dont il est capable pour récupérer l’argent dont le Crédit lyonnais l’a, dit-il, floué. « Un jour, mon téléphone sonne, et une secrétaire me dit : “C’est Bernard Tapie”, se rappelle un ancien membre du cabinet du ministère des Finances. Je ne le connais pas du tout. Je prends l’appel, il me tutoie et commence à me parler de ses dossiers, le Crédit lyonnais, etc. En cinq minutes, par téléphone, c’est le genre de personne qui prend l’ascendant sur vous.» Tous les samedis, Tapie le rappellera. « Il me confessera qu’en quittant le gouvernement il a emporté les annuaires. Il a toutes les lignes directes des membres des cabinets.»
La suite est connue. En juillet 2008, un tribunal arbitral condamne le CDR (la structure gérant le passif du Crédit lyonnais) à verser à Tapie 404 millions d’euros. Il est pris d’une boulimie d’achats : villa à Saint-Tropez, yacht à 40 millions d’euros baptisé le « Reborn », avion Bombardier à 18 millions… Certains l’imaginent briguer la mairie de Marseille. Mais, très vite, de sérieuses suspicions pèsent sur les conditions dans lesquelles l’arbitrage s’est déroulé. Sur les liens entre Tapie, son avocat historique, Maurice Lantourne, et l’un des trois arbitres, censé être neutre, Pierre Estoup. Sur l’entrisme dont Tapie a fait preuve avec Nicolas Sarkozy, ne faisant pas moins de 50 visites à l’Elysée durant son mandat.
Depuis sa condamnation à rembourser, il repousse l’échéance. « Il utilise tous les recours imaginables, même ceux qu’on n’avait pas imaginés », commente un avocat qui ferraille contre lui. « C’est la seule personne en France en liquidation judiciaire personnelle depuis les années 1990, qui continue d’avoir un train de vie de nabab », ajoute un autre. « Je vous réglerai ce que je vous dois », a-t-il juré aux avocats des parties civiles. Ses adversaires sont persuadés qu’il ne paiera jamais. Après son procès, il doit tourner un film avec Claude Lelouch. Son titre : « Si Dieu me garde ». Le roman continue.