Halte au gâchis!
De bas en haut de la chaîne alimentaire, du producteur au consommateur, la lutte contre le gaspillage s’organise. Jeter n’est plus une fatalité
La campagne de sensibilisation menée par le ministère de l’Environnement et l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) interpelle les acteurs de la chaîne alimentaire : du champ à l’assiette, tous impliqués contre le gachis! L’objectif, fixé en 2013 par le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, est de diviser par deux, d’ici à 2025, ce type de déchets et pertes. Actuellement, en France, 10 millions de tonnes de produits alimentaires vont à la poubelle chaque année, selon l’Ademe… ce qui représente environ 16 milliards d’euros. En tête des aliments perdus, les fruits et légumes, qui représentent près de la moitié. Tour d’horizon de ce grand gâchis et des solutions pour y remédier.
D’abord la production, soit 32% des pertes et gaspillages. Des céréaliers aux maraîchers, des éleveurs aux pêcheurs, dans tous les secteurs, les produits sont triés selon des critères de calibrage, d’esthétisme, etc. Et ils sont jetés lorsqu’ils ne correspondent pas aux exigences. Pourtant, les indésirables peuvent se transformer en aliments pour animaux, jus de fruits et même en source d’énergie, par la méthanisation.
Ensuite, la transformation, qui correspond à 21% des pertes et gaspillages. L’industrie agroalimentaire, le transport et le stockage des marchandises génèrent aussi beaucoup de gâchis. « Certains lots sont détruits juste à cause d’un problème d’emballage, regrette Thibault Turchet, responsable des affaires juridiques et réglementaires de l’association Zero Waste France. C’est moins coûteux, plus pratique et rapide de jeter que d’essayer de récupérer les denrées. » La loi incite désormais à trouver des solutions (voir encadré).
Puis vient la distribution, qui représente 14% des pertes et gaspillages. Petits commerces, hyper et supermarchés doivent gérer leurs rebuts. Les plus grandes surfaces ont désormais des obligations, comme de donner les invendus aux associations. Pour les aider, des entreprises comme Comerso et Phenix servent d’intermédiaires efficaces.
Enfin, la consommation, soit 33% des pertes et gaspillages. Selon l’Ademe, « on gaspille quatre fois plus en restauration collective et commerciale qu’au foyer ». Thibault Turchet salue les initiatives de restaurants qui « cuisinent les épluchures ou proposent des frigos partagés pour donner leurs invendus ». Pour limiter le gâchis, l’appli Meal Canteen permet de commander la veille, en ligne, son déjeuner à la cantine, afin d’éviter les surplus. D’ailleurs, les applications antigaspi fleurissent un peu partout. A la maison, Save Eat ou Frigo Magic, par exemple, suggèrent des recettes faciles pour accommoder les restes. Ou dans les rayons, Zéro-Gâchis, OptiMiam ou l’appli de la société Phenix, préviennent les consommateurs quand des produits bientôt périmés sont bradés près de chez eux.
D’ailleurs, les dates de péremption sont de plus en plus sujettes à caution car, selon l’association France Nature Environnement et l’application Too Good To Go, elles sont responsables de 20% du gaspillage alimentaire à domicile… dont le total atteint une vingtaine de kilos par personne et par an, y compris 7 kilos d’aliments encore emballés! Attention à la confusion entre la date limite de consommation (DLC) et la date limite d’utilisation optimale (DLUO) ou de durabilité minimale (DDM). Ces deux dernières indiquent « à consommer de préférence avant le », ce qui ne signifie pas que pâtes, huiles, riz ou conserves sont immangeables après.