“POUR LES EXCLUS DU ROMAN NATIONAL”
STÉPHANE GATIGNON, MAIRE DE SEVRAN
L’histoire de Trappes, telle que la relatent Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, nous concerne tous. Leur enquête de terrain éclaire la réalité de tous les quartiers en difficulté : la relégation sociale de leurs habitants et leur mise à l’écart du roman national. Le livre explique la rupture créée par la désindustrialisation et l’effondrement concomitant du communisme municipal dans les années 1990. Jusqu’alors le PC fournissait un cadre et un espoir aux habitants des cités HLM. Les communistes disaient : « Nous allons réussir ensemble. » A Trappes, ils ont accompagné l’éclosion de talents extraordinaires. Mais ces réussites individuelles ne suffisent pas. Le lien de ces quartiers avec le reste de la communauté nationale s’est distendu. Livrée à elle-même, une partie de la population s’est tournée vers les valeurs conservatrices de la religion. L’espace public a été déserté. Des groupuscules radicaux s’y sont engouffrés. Ils prétendent vivre contre le reste de la société. L’importation du conflit israélo-palestinien a pu faire croire à certains jeunes qu’ils étaient des « Palestiniens de l’intérieur ». Il nous faut ouvrir les yeux sur cette dérive et lutter contre le repli sur soi. La bataille est aussi culturelle. Dans une ville comme Sevran, plus de soixante-dix nationalités doivent coexister. L’enjeu est de veiller au respect mutuel et aux échanges : en décembre dernier, j’ai fait allumer sur une place publique les lumières de la fête juive de Hanoukka.