L'Obs

Caubère le magnifique

ADIEU FERDINAND ! DE ET PAR PHILIPPE CAUBÈRE. ATHÉNÉE, PARIS-9E, 01-53-05-19-19, HORAIRES VARIABLES. DEUX SPECTACLES EN ALTERNANCE JUSQU’AU 14 JANVIER.

- JACQUES NERSON

Encore Philippe Caubère ? Encore et toujours. Enfin… pas vraiment toujours puisqu’il prend ici congé de son prête-nom, Ferdinand Faure, héros du titanesque feuilleton autobiogra­phique entrepris en 1981. Les membres de son fan-club ont le coeur gros. C’est un pan entier de leur vie qui disparaît. Un peu comme si Hergé avait soudain mis Tintin au placard. Ferdinand et ses comparses sont devenus nos familiers. L’autre soir, il a suffi que Caubère se campe croupe en arrière, les bras collés au corps, les doigts surgissant à la sortie des manches, pour qu’une bonne partie de la salle s’esclaffe et applaudiss­e : les habitués saluaient l’entrée en scène de l’avatar d’Ariane Mnouchkine. Pour autant, ces spectacles ne sont pas réservés aux initiés. Inutile de connaître personnell­ement Mona Lisa pour apprécier « la Joconde ». Ni de savoir que Bruno Gaillardin­i est la caricature de Bruno Raffaelli, aujourd’hui sociétaire de la Comédie-Française. Dans « le Casino de Namur », l’un des deux épisodes d’« Adieu Ferdinand ! », Bruno inspire moins de sympathie que d’habitude. Parce qu’il prend le parti des parents de son camarade Jean-Marie Pétrieux. Comme si le malheureux acteur n’était pas assez méprisé par ces riches betteravie­rs belges, cent pour cent pur beauf. Excepté le préambule, on reste de bout en bout dans leur ferme. Et la séance de torture est si cruelle que le rire s’étrangle. Si « le Casino de Namur » est oppressant, « Clémence » est franchemen­t désopilant. Dans « la Baleine » en première partie, Ferdinand tâche de convaincre sa femme, Clémence, que de petites infidélité­s passagères seraient bénéfiques à leur couple. Mais pour ça, il a besoin de sa bénédictio­n. La seconde partie, « le Camp naturiste », relate leurs vacances chez les nudistes du camp de Montalivet. Où l’on voit que les jeunes soixante-huitards sont plus pudibonds qu’ils ne le pensaient. Le spectacle est épicé mais le public exulte de joie. Bonne nouvelle, n’ayant pas pu tout dire en une fois, Caubère va donner une suite au « Casino de Namur ». Les adieux de Ferdinand vont se prolonger un peu. Ah ! s’ils pouvaient durer aussi longtemps que ceux de Charles Trenet, qui se sont étalés sur vingt-quatre ans !

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