LA STRATÉGIE DE LA “CEINTURE JUIVE”
La bataille pour le contrôle de Jérusalem est d’abord une a aire de cadastre. Il s’agit pour les Israéliens de couper la partie est, conquise en 1967, du reste de la population palestinienne de Cisjordanie. C’est la garantie, pour eux, que la ville restera « une et indivisible » sous leur contrôle, tout en rendant physiquement impossible pour les Palestiniens d’en faire la capitale d’un éventuel Etat. Depuis cinquante ans, les gouvernements de droite comme de gauche ont donc mis en place un plan d’urbanisme de longue haleine et désormais achevé destiné à enserrer la partie orientale de Jérusalem d’une « ceinture juive ». Peuplés 2 km par la classe moyenne israélienne, Pisgat Zeev et Ramot au nord, Maale Adumim à l’est, Har Homa et Gilo au sud sont ainsi des quartiers d’habitation massifs et modernes, dont l’apparente banalité rend di cile d’imaginer le caractère illégal au regard du droit international. En parallèle de cette politique o cielle, et parfaitement assumée, la pression se fait désormais également sentir au coeur même des quartiers arabes, en particulier dans le « bassin sacré », la zone mitoyenne des lieux saints, où des mouvements nationalistes rachètent à prix d’or des immeubles pour y loger des familles juives. En plus d’une emprise territoriale, cette stratégie du fait accompli permet aux Israéliens de s’assurer la supériorité démographique à Jérusalem. Sur un million d’habitants, la moitié d’entre eux qui vivent dans la partie ouest sont ainsi exclusivement juifs ; tandis que dans l’est les populations israélienne et palestinienne sont désormais pratiquement d’importance égale (environ 300 000 personnes chacune). Une réalité statistique encore plus spectaculaire lorsqu’on la compare au nombre de juifs qui vivaient dans la partie contestée de la Ville sainte avant sa conquête lors de la guerre de Six-Jours : c’est bien simple, il n’y en avait aucun.