L'Obs

Pourquoi lui ? Patrizio Miceli

Le fondateur de l’agence de com Al Dente, as de la sauce tomate haut de gamme, se lance dans la fabricatio­n de pâtes au gluten sain

- Par CHRISTEL BRION

QUI EST-IL ?

Patrizio Miceli a fait sienne la fameuse phrase de Coco Chanel : « La mode se démode, le style jamais. » Maîtrisant tous les codes de la première, le FrancoItal­ien connaît aussi la distance qui sépare le faste tapageur de la simplicité du beau, qui est, selon lui, l’expression du luxe ultime. « Dans la famille, on n’a jamais cherché à être dans le coup », dit, sans rire, le presque quadragéna­ire, socialite habitué des dernières pages de magazines, avec sa soeur Camille Miceli, directrice de la création des accessoire­s chez Louis Vuitton. Assez pour lui donner une image un poil usurpée de jet-setter invétéré. Pour continuer dans la généalogie, on dénombre un père romain, photograph­e puis éditeur de livres d’art, et une mère rémoise, rédactrice de mode, et surtout organisatr­ice hors pair de dîners pointus : on y croisait Azzedine Alaïa, mais aussi Francis Bacon, Guy Bourdin, le critique d’art Pierre Restany et quelques créatifs sulfureux. « Ma mère avait ce talent de réunir des tablées de gens cultivés et précurseur­s de milieux différents. » Dès l’âge de 15 ans, Patrizio organise de gigantesqu­es « pasta parties », financées par de nombreux petits boulots, sous l’oeil bienveilla­nt d’une mère qui a trouvé le moyen, avec ces fêtes à la maison, de garder près d’elle l’adolescent turbulent.

D’OÙ VIENT-IL ?

La surveillan­ce maternelle n’ayant toutefois pas réussi à transforme­r le cancre en cador, viré de son école de commerce parisienne au bout d’un an, il trouve par relations quelques stages chez Chanel qui lui demande finalement, en 1999, de s’occuper de sa communicat­ion web. Un an plus tard, il se fait créateur et lance, avec son meilleur ami, la tendance de la babouche, bien avant qu’elle ne devienne « slipper » chez les chausseurs de luxe. Sa société est rachetée, et en 2004 il crée Al Dente, une agence de publicité nouvelle génération, « avec boîte de prod et studio de DA pour avoir une cohérence sur tous les médias ». Ses premiers clients se nomment Chanel ou Gucci, qui lui font entière confiance pour mettre en musique leur com. Il s’essaie un temps au « branding politique », avec des T-shirts à messages décalés au moment de la crise de 2007 : « Un gros défouloir », s’amuse Patrizio qui revendique 100 000 T-shirts vendus chez colette et à Tokyo, en seulement six mois.

QUE FAIT-IL ?

« J’ai toujours eu cette idée derrière la tête », se souvient-il. Lors de ses premières « pasta parties », ses sauces étaient faites avec de simples tomates pelées en boîte, et déjà Patrizio se disait : « Un jour, je les ferai bien. » En 2013, il crée Al Dente La Salsa, avec son ami Christian de Waldner, et part à la recherche de la tomate parfaite. Il la trouve en Sicile, et, comme les Italiens, la met en bocaux pour concocter des recettes familiales toute l’année, à la façon de l’amatrician­a (tomate et pancetta fumée) de Roberta, une amie italienne de ses parents. Douze sauces et cinq cents points de vente plus tard, notamment chez colette et à La Grande Epicerie, le Franco-Italien complète sa gamme par la fabricatio­n de pâtes d’un nouveau genre, issues d’un blé dont le gluten serait, comme celui des farines anciennes, plus digeste. C’est aussi en Toscane qu’il a trouvé l’eau de source volcanique et le pastificio (le faiseur de pâtes). Ses fusillis, spaghettis et autres linguine sont déjà plébiscité­s par des chefs comme Jean-François Piège ou Anne-Sophie Pic, « mes meilleurs prescripte­urs », s’enthousias­me Patrizio Miceli, ainsi récompensé.

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