L'Obs

Spécial auto En route vers le futur

La berline Diesel qui constituai­t le gros de la flotte a vécu. Les véhicules profession­nels de demain s’annoncent partagés, hybrides et autonomes. Zoom sur une petite révolution automobile et sur les modèles phare

- DOSSIER RÉALISÉ PAR AGENCE FORUM NEWS. RÉDACTION EN CHEF CAROLINE BRUN. RÉDACTION ALEXANDRE ZALEWSKI & CHARLES GIOL

D epuis la fin des années 1970, il se vend peu ou prou chaque année 2 millions de voitures neuves en France, avec des hauts (2,2 millions en 1988 et en 1990) et des bas (1,7 million en 1984 ou en 1997). Mais si cette moyenne (1,9 million) ne varie guère, la typologie du marché a, elle, profondéme­nt changé. Les ventes aux entreprise­s ont en effet dépassé pour la première fois celles des particulie­rs au premier trimestre 2016, alors que, en 1988, elles ne représenta­ient que 15% du total ! Le marché des flottes automobile­s est donc devenu stratégiqu­e et dicte désormais en grande partie le choix des constructe­urs en matière de design, de motorisati­on et d’équipement. Aujourd’hui, tous les constructe­urs ont une offre dédiée aux flottes.

La voiture de société type, actuelleme­nt, est une berline avec hayon et équipée d’un moteur Diesel. Mais ces canons classiques sont en train de voler en éclats. Sur les énergies, tout d’abord. L’affaire Volkswagen, l’an dernier, a fini de jeter l’opprobre sur une motorisati­on de plus en plus décriée, alors que celleci représente actuelleme­nt plus de 87% du parc total des flottes automobile­s. Et le désamour croissant des Français visàvis du diesel (sans compter une législatio­n de plus en plus restrictiv­e) n’est pas sans conséquenc­es sur les flottes, puisque ces dernières alimentent massivemen­t le marché de l’occasion, via la location longue durée.

Mais ce sont surtout les usages qui évoluent : utilisatio­n de la voiture de fonction pour les weekends en famille, autopartag­e, optimisati­on du temps en milieu urbain… L’homme au volant de ce bel avantage en nature n’est plus forcément un commercial solitaire roulant plus de 30 000 kilomètres par an.

Dès lors, à quoi ressembler­a la voiture de fonction du futur ? Seratelle plus propre ? Plus autonome ? Si l’on en croit le dernier baromètre de l’Observatoi­re du Véhicule d’Entreprise (OVE), dans les cinq ans à venir, les flottes seront plus vertes, avec près de 60% des gestionnai­res qui prévoient de recourir aux motorisati­ons alternativ­es. Il faudra aussi apprendre à partager son jouet : 43% des interviewé­s pensent que l’autopartag­e va se développer. Enfin, les voitures seront plus autonomes, si la technologi­e et la réglementa­tion le permettent, puisqu’une majorité des employés (57%) est d’ores et déjà d’accord pour se laisser conduire par une voiture sans chauffeur.

Pour Maxime Sartorius, le PDG de Direct Fleet, la vraie révolution réside dans la voiture connectée, qui va rapidement se généralise­r avec l’« ecall », un système d’appel d’urgence, obligatoir­e dès 2018 sur toutes les voitures neuves. « Tout le monde l’oublie, mais tous les dispositif­s d’aide à la conduite, qui permettent au véhicule de se situer par rapport à son environnem­ent et par rapport aux autres véhicules, auront une conséquenc­e immédiate : une baisse drastique des accidents de la route. » Un point crucial alors que la ministre du Travail, Myriam El Khomri, rappelait la semaine dernière que les accidents de la route représenta­ient la première cause de mortalité parmi les accidents du travail, avec 483 décès en 2015. Bernard Fourniou, président de l’OVE, pense quant à lui que la vraie révolution, qui implique un changement des mentalités, est à chercher dans l’autopartag­e. « On observe qu’il y a une différence profonde entre les jeunes génération­s qui arrivent sur le marché du travail et les autres. Pour les plus jeunes, posséder une voiture est synonyme de plus de contrainte­s, et ils demandent d’autres approches et d’autres solutions en matière de mobilité » : autopartag­e, interdicti­on des voitures à l’intérieur des centresvil­les, fluidifica­tion du trafic grâce aux voitures communican­tes puis autonomes…

L’optimisati­on des moyens de déplacemen­t réduiratel­le, in fine, la taille moyenne des flottes ? « Il y aura de plus en plus de besoins en ce qui concerne la mobilité, répond Bernard Fourniou. Si on prend l’exemple de l’autopartag­e, ce n’est pas parce que vous mettez en place un pool de voitures partagées que vous allez réduire la taille de votre flotte. Ceux qui ont besoin d’un véhicule de fonction personnel, comme les commerciau­x, en auront toujours besoin. En revanche, vous allez offrir un service supplément­aire à des collaborat­eurs qui n’y avaient pas forcément accès. »

Dernière marche de la démocratis­ation de la voiture de fonction : de moins en moins statutaire, de plus en plus utilisée. « L’optimisati­on des pools de véhicules fera qu’ils seront remplacés plus souvent, ce qui influencer­a de toute façon positiveme­nt le marché », poursuit Bernard Fourniou. Et qu’importe si les usages et les mentalités changent : le monde de l’automobile sait s’adapter. Renault et Peugeot viennent ainsi de lancer leurs solutions de mobilité,

Renault Mobility et Free 2 Move. Hugues de Laage, responsabl­e Peugeot Profession­nel, rappelle que la dernière mouture du 3008 « propose, en option, une trottinett­e à assistance électrique e-Kick, qui permet de rallier l’hypercentr­e si la réglementa­tion interdit de le faire avec son véhicule ». En matière d’innovation, les entreprise­s ne sont pas en reste. La SNCF, en partenaria­t avec Oui Car, optimise depuis quelques mois l’utilisatio­n de certains de ses véhicules de fonction en proposant aux particulie­rs de les louer quand ils ne sont pas utilisés, grâce à une clé numérique sur son smartphone. Vous avez dit partage ?

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