Au théâtre, la présidentielle a commencé
À DROITE À GAUCHE, PAR LAURENT RUQUIER. VARIÉTÉS, PARIS-2E, RENS. : 01-42-33-09-92. POLITIQUEMENT CORRECT, PAR SALOMÉ LELOUCH. LA PÉPINIÈRE THÉÂTRE, PARIS-2E, RENS. : 01-42-61-44-16.
A l’approche de la présidentielle, les pièces de théâtre se politisent. Même dans les salles privées, où, grandeur et servitude du commerce, on évite les sujets diviseurs : on ne va tout de même pas se mettre à dos la moitié de la clientèle. La comédie troussée par Laurent Ruquier ne fâchera personne, mais la balance est-elle équilibrée? D’un côté, Francis Huster en vedette de cinéma dont la chaudière vient de tomber en panne; de l’autre, Régis Laspalès, censé la réparer. Or l’acteur friqué est de gauche et le chauffagiste de droite, et ils discutaillent sans fin. On a entendu l’autre jour Huster proclamer à la télévision : « C’est le plus beau rôle de ma vie. » Là, celui qui joua Lorenzaccio, Rodrigue ou Perdican va un peu loin. Son rôle de phraseur condescendant est tout sauf bon. C’est Régis Laspalès qui ramasse les effets comiques en remettant son client à sa place avec la débonnaireté qu’on lui connaît. L’éternel tandem de l’auguste et du clown blanc. Visiblement, Huster ne se rend pas compte qu’il sert de faire-valoir à cette réincarnation de Francis Blanche s’exprimant au ralenti. Curieux aussi que Ruquier, qui n’a jamais caché son inclination pour la gauche, lui donne pour représentant une tête à claques face à un homme de droite hypersympa. Moyennant quoi le public des Variétés, qui n’est ni jeune ni dans le besoin (60 euros la place de parterre), rit à se pâmer.
Salomé Lelouch, qui présente « Politiquement correct » à La Pépinière (ci-dessous), part du même principe que Ruquier : elle confronte une femme de gauche et un homme de droite. Et pas d’une droite modérée : Alexandre est l’un des principaux conseillers du Front national. En cas de victoire de son parti aux élections, un poste important lui a été promis. Seulement le frontiste est tombé amoureux de Mado. Et de crainte que la jolie gauchiste ne se détourne de lui, il lui cache son appartenance politique. On ne divulguera pas la suite, mais on félicite l’auteur pour la probité de sa dialectique. Mado (Rachel Arditi) et Alexandre (Thibault de Montalembert) se battent à la loyale. On devine de quel côté penche l’auteur, mais la pensée des héros n’est jamais ridiculisée ni schématisée. De même, entre Ruquier et Salomé Lelouch, on comprendra sans peine où vont nos préférences.