Les représentants de la nation sont censés préparer notre avenir. Se préoccupent-ils su samment du long terme ?
F. Mion Quand certains s’y essaient, leur tentative n’est pas toujours comprise. Souvenez-vous que François Hollande avait fait sourire en organisant à l’été 2013 un séminaire de son gouvernement sur la France dans dix ans… Il est évident que le devoir de ceux qui parviennent au pouvoir est d’abord de se donner les moyens d’échapper à la dictature du quotidien. J. Vaulpré L’Etat a son propre rythme. Il faut reconnaître que l’exercice de la prospective est di cile lorsqu’on gouverne avec, forcément, la loupe du présent. Pour sortir du court terme, il faut penser. Et se poser cette question essentielle : qu’est-ce que l’intérêt général aujourd’hui dans un pays mondialisé comme la France de 2015 ? Pour penser, il faut en prendre le temps. De trop nombreux élus manifestent du mépris pour une pensée un peu sophistiquée. Ils auraient intérêt à lâcher la « grosse ficelle » pour réinvestir le terrain de l’argumentation. A trop vouloir être toujours en mouvement, on finit par penser simple et agir simple. Or les problèmes de la société sont complexes. La limitation du cumul des mandats vous paraît-elle une mesure de nature à redonner du crédit à ceux qui nous représentent ? F. Mion Je n’en suis pas certain. Il ne faudrait pas qu’elle donne naissance à une classe politique totalement « hors-sol ». J. Vaulpré Cela forcera au moins au renouvellement des élus. Le cumul a été une machine à bloquer le renouveau et à bâtir des fiefs. F. Mion C’est vrai, mais pour empêcher la constitution de ces fiefs, il su t de limiter le nombre de mandats dans le temps. La vraie réforme à faire, c’est celle-là.