L'HUMANITE

L’art contempora­in à l’heure des Jeux

À Marseille, quelque 350 oeuvres explorent les multiples dimensions citoyennes de l’art et du sport. Un événement prolongé dans toute la région Paca.

- LISE GUÉHENNEUX

EXPOSITION­S

Trois institutio­ns publiques, l’une nationale – le Mucem –, l’autre régionale – la Cité de l’art contempora­in-fonds régional d’art contempora­in (Frac) –, la troisième municipale – le musée d’art contempora­in (Mac) –, s’unissent à Marseille autour d’un projet artistique labellisé par Paris 2024 dans le cadre de l’olympiade culturelle, l’exposition «Des exploits, des chefs-d’oeuvre », fruit de trois années de travail. Pour conduire son commissari­at général, Muriel Enjalran, la directrice du Frac, membre du comité des experts culturels pour l’organisati­on de l’olympiade culturelle depuis 2020, s’est associée avec le critique d’art Jean-marc Huitorel, expert dans l’étude des liens entre art et sport.

C’est le seul événement de cette ampleur pour la saison olympique à mettre en rapport l’art contempora­in et le sport. Le parcours de l’exposition est découpé en trois propositio­ns : « L’heure de gloire », «Tableaux d’une exposition» et « Trophées et reliques ».

Au Frac Sud, l’espace entier est saturé, nous dit Jean-marc

Huitorel, « comme est sursaturé par le sport l’espace social », où se succèdent points de vue généraux et zooms. En ouverture, Citius, Altius, Fortius (2008), une sculpture dorée de l’artiste Jean Bedez, alignant les anneaux olympiques maintenus dans la gueule de trois lions, annonçant une compétitio­n féroce pour l’or.

OBJETS FÉTICHES OU SACRÉS

Tandis que d’autres oeuvres, telle l’installati­on Smith, Norman, Carlos, Mexico 68 (2017) de Berdaguer & Péjus, se saisissent de scènes historique­s : la puissance de l’action protestata­ire pour les droits civiques des médaillés au 200 m aux Jeux de Mexico en 1968. Leur posture, les poings levés sur le podium, fixée par la célèbre photograph­ie parue dans Life et reproduite ici, sont traduites en formes plastiques abstraites selon le système de notation du mouvement inventé par le danseur et chorégraph­e Rudolf Laban (1879-1958).

Sur les trois plateaux du Frac, tous les médiums sont convoqués, tandis que les cimaises abondantes du musée d’art contempora­in, propices aux oeuvres en deux dimensions, reçoivent dessins, peintures et photograph­ies. Chaque artiste y bénéficie d’une exposition personnell­e favorisant l’appréhensi­on d’une démarche artistique, telle celle de Nina Childress dont les corps féminins arrivent à capter tout une diversité de représenta­tions passées à la moulinette des codes sociaux médiatique­s. Et tant d’autres oeuvres encore, précisémen­t choisies, nous emportent dans un voyage labyrinthi­que.

Tandis qu’au Mucem, la vitrine est de rigueur – celle du muséologue Georges Henri Rivière, initiateur du musée des Arts et Traditions populaires, l’ancêtre de ce musée. Les vitrines recèlent des objets qui, ayant perdu leur valeur d’usage, deviennent fétiches usés par une légende du sport ou objets d’art jouant avec cette dimension quasiment sacrée. L’accessoire sportif, présenté isolé, est aussi la trace de moments de vie, ceux qu’éléonore Saintagnan filme en 2012 (les Malchanceu­x), restituant avec la fantaisie du jeu de quilles de Montreuil-sur-mer (Pas-decalais) ces liens indéfectib­les qui nous amènent à faire société. « Des exploits, des chefs-d’oeuvre », au Frac Sud-cité de l’art contempora­in, jusqu’au 22 déc. ; au Mucem et au Mac de Marseille, jusqu’au 8 sept. ; Rens. : olympiade-culturelle.paris2024.org

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FRAC SUD 2024-MARC DOMAGE Au premier plan : Citius, Altius, Fortius (2008), de Jean Bedez.

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