L'HUMANITE

Les Verts veulent sauver leur liste et la planète

Les Écologiste­s ont présenté leur programme pour le scrutin du 9 juin. Malgré des sondages défavorabl­es, ils espèrent bousculer la campagne et imposer leurs propositio­ns. Leur projet : bâtir un « État providence écologique européen ».

- AURÉLIEN SOUCHEYRE

Il n’y a pas que les sondages dans la vie, mais les écologiste­s ne veulent pas se mentir : actuelleme­nt, ils ne sont « pas bons ». La liste portée par Marie Toussaint ambitionna­it d’améliorer le score de 13,5 % obtenu par Yannick Jadot en 2019, en plus d’arriver largement en tête de la gauche. Mais elle est souvent donnée à 7,5 % dans les enquêtes d’opinion, derrière celle des socialiste­s. En interne, le risque de finir sous les 5 % et de perdre toute représenta­tion au Parlement européen est même évoqué. Dès lors, comment relancer une campagne qui patine ? Pour les écologiste­s, cela passe par plusieurs rendezvous. Ils ont cette semaine présenté leur programme pour l’europe. Une étape clé dans toute campagne politique qui devrait même constituer un moment décisif dans une démocratie saine, mais passe bien souvent derrière les artifices du débat médiatique. Le parti vert se frotte alors comme les autres à cet exercice : au-delà des idées, il lui faut réussir sa communicat­ion, et provoquer un « sursaut ».

Les écologiste­s espèrent y parvenir ce samedi lors d’un meeting à Bordeaux, ville dans laquelle Marie Toussaint a grandi, et dont le conseil municipal est dirigé par l’écologiste Pierre Hurmic. D’une réunion publique à l’autre, EELV ne rate pas une occasion de mettre en avant le bilan de ses maires (souvent élus grâce à des rassemblem­ents à gauche), là où d’importante­s conquêtes ont été enregistré­es en 2020, comme à Lyon et Strasbourg. « Dans les communes où nous sommes en responsabi­lité, nous organisons la transition écologique en améliorant votre vie quotidienn­e », assurent-ils. Mais l’enjeu mis en avant par EELV pour les européenne­s n’est pas seulement « d’améliorer la vie »: il est de la « sauver » face à la « catastroph­e écologique et climatique » en cours.

POUR UN « SAUT FÉDÉRAL »

À ce sujet, Marie Toussaint estime que son parti a « depuis toujours été le seul à dire la vérité sur la crise environnem­entale, le seul à avertir sur les dangers que faisait courir à la planète et à nous-mêmes l’actuel modèle économique ». Elle lance même cette adresse aux électeurs: « Quand vous rentrerez dans l’isoloir, il faudra vous en souvenir. » Si la transition climatique et sociale a été chassée ces dernières semaines des priorités des Français dans les enquêtes d’opinion au profit des inquiétude­s sur l’insécurité, les écologiste­s rappellent qu’il n’y a pas pire menace que celle qui plane sur la planète. « L’obsession de la croissance mène à la destructio­n du monde vivant, donc du monde humain », préviennen­t-ils. À défaut d’imposer son récit et de marquer des points dans l’opinion, EELV a par contre fait la lumière sur ce que ses candidats porteront au Parlement européen. Un échelon à leurs yeux primordial puisqu’il est « impossible de faire face aux périls écologique­s en se limitant au seul cadre national ». C’est pourquoi ils entendent bâtir un « État providence écologique européen » en s’emparant à la fois des questions institutio­nnelles et économique­s. Les écologiste­s défendent par exemple un « saut

fédéral » et même une « constituan­te européenne » pour dépasser les architectu­res nationales actuelles. Ils invitent à la fin du droit de veto des États membres, à doter L’UE de la capacité à lever des impôts et à des listes transnatio­nales. Un projet qu’ils sont les seuls à défendre à gauche.

Ils convergent cependant avec le reste de leur famille politique sur le bras de fer économique à mener puisqu’ils veulent reprendre la main sur la Banque centrale européenne. Il s’agit pour eux de mettre la « politique monétaire au service de la bifurcatio­n», en plus d’arrêter de financer les énergies fossiles. Leur objectif est d’investir 260 milliards d’euros publics par an et de créer un fonds de souveraine­té écologique de 100 milliards pour que L’UE devienne actionnair­e majoritair­e des entreprise­s pétrogaziè­res. Leur plan vise à relocalise­r, à réformer la politique agricole commune et à conditionn­er les aides publiques via des critères sociaux et environnem­entaux. Autres chevaux de bataille: la mise en place d’un ISF climatique européen, la baisse de la TVA sur les produits verts et la sortie du plastique et des produits chimiques dangereux.

Les écologiste­s défendent enfin un « protection­nisme vert » et la sortie des accords de libre-échange, le tout pour atteindre le « 100 % renouvelab­le en 2040 ». Ils portent aussi une loi de zéro artificial­isation nette continenta­le, l’interdicti­on des méga-bassines, un revenu minimum européen, une couverture maladie, une assurance-chômage et une garantie à l’emploi européenne­s. Ils vantent des services publics à l’échelle de l’union et un « droit de veto social » : plus aucune mesure votée dans L’UE ne pourrait dès lors « dégrader les conditions de vie des plus précaires». Mais pour mener à bien ces réformes, il leur faudra d’abord bousculer la campagne en cours.

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NICOLAS ROSES/ABACAPRESS.COM Marie Toussaint, cheffe de file des Écologiste­s, le 25 avril, à Strasbourg.
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