L'HUMANITE

Au terminal des bras cassés

Canal Plus renoue avec la sitcom dans une série qui rappelle furieuseme­nt l’énergie de H, qui avait fait les beaux jours de la chaîne cryptée en 1998.

- Terminal, Canal Plus, 21 h 10 GRÉGORY MARIN

Terminal, nouvelle création de Canal Plus, aurait pu être une série d’arène, sérieuse et documentée. Mais ce serait mal connaître sa genèse, qui doit beaucoup à la reformatio­n du noyau dur (une partie au moins) de la série H, qui place résolument la production dans le registre comique. Chez Flywingz, on a conscience de jouer en troisième division. Compagnie aérienne 100 % low cost et 100 % baltringue, elle peine à se maintenir en l’air. L’arrivée de Charlie (Bérangère Mcneese), copilote zélée virée de sa dernière compagnie (elle a relevé le défi de poser son avion sur l’a13 !), suffira-t-elle à cadrer le commandant Jack (Ramzy Bedia) ?

JAMEL DEBBOUZE PASSE DERRIÈRE LA CAMÉRA

Avec Éric Judor, le grand absent de ce comeback de la sitcom sur Canal Plus, Ramzy a fait les beaux jours de H, diffusée sur la chaîne cryptée entre 1998 et 2002. Mais on retrouve aussi à la coréalisat­ion (avec Mohamed Hamidi) et à la coécriture (avec Xavier Lacaille) un certain Jamel Debbouze. Ramzy et Jamel Debbouze ne sont d’ailleurs pas avares de clins d’oeil à leurs débuts communs, et leur complicité est évidente lorsque ce dernier apparaît dans certaines scènes. Les références aussi sont nombreuses: l’ombre de Zinédine Zidane plane encore, et Camille Chamoux (l’hôtesse de l’air zadiste, Armelle) reprend même la phrase fétiche du Jamel d’antan : « Dis-moi pas que c’est pas vrai ! ? »

Le goût est nouveau et la recette ancienne, donc. Elle bénéficie pourtant d’épices nouvelles par son casting (Bérangère Mcneese et Camille Chamoux sont épaulées par Brahim Bouhlel, Doully, Tristan Lopin, Laureen et Manu Payet en invité récurrent) comme par son écriture – Paul Mirabel, Xavier Lacaille, Giulio Callegari, Angela Soupe et Clémence Dargent, qui avait cosigné l’excellent Ovni(s). Une pointe de nostalgie pourrait néanmoins allier à de nouveaux téléspecta­teurs attirés par ces têtes nouvelles en télé ceux qui ont aimé H. Car Terminal bénéficie d’un certain cachet, « so 90’s ». Les situations sont surjouées, le texte exagérémen­t articulé, et la présence du public, depuis un gradin central qui pivote au centre des plateaux installés en cercle comme dans les parcs à thèmes, doit mettre la pression aux acteurs, qu’on sent toujours au bord d’une improvisat­ion bienvenue. Ils s’amusent et ça se voit. Le résultat est divertissa­nt, bien écrit, mais s’adresse sans doute plus aux quadras qu’à la jeune génération…

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