« Nous n’avons aucun autre site solutréen de plein air »
JEAN-BAPTISTE LAJOUX, ARCHÉOLOGUE À L’INRAP (1)
Quelle est la fonction des galets découverts sur le site ?
Ces pierres de 30 cm de diamètre proviennent du lit de la Saône qui se trouve à plusieurs kilomètres de là. Les galets devaient former une couronne qui délimitait le bord de la concentration. Aussi peut-être ont-ils servi à caler un aménagement extérieur, comme une grande tente par exemple.
Par ailleurs, certains présentent des traces d’exposition au feu.
Ils devaient donc également servir pour fermer un foyer. En ces périodes glaciaires, les gens ont besoin de se chauffer, de s’abriter lorsqu’ils sont en plaine, et c’est le cas ici.
Comment s’inscrit la découverte de Fragnes parmi les autres sites solutréens ?
Le solutréen ancien est très peu représenté. Il existe un site à Arcy-sur-Cure, dans un contexte stratigraphique perturbé, et un autre à la Celle-Saint-Cyr, dans les labours, ce qui pose un problème d’homogénéité, car les pierres ont été bouleversées par les activités humaines. Il existe donc peu d’éléments de comparaison dans la région. Au niveau national, ce n’est pas mieux. Par ailleurs, tous les sites connus jusqu’à présent sont sous grotte ou sous abri. Nous n’avons aucun autre site national de plein air à part celui de Fragnes. Il représente donc un intérêt majeur pour documenter cette période.
Quelles vont être les prochaines étapes ?
Nous allons étudier en détail le comportement technique et économique des tailleurs du solutréen. Pour cela nous travaillerons sur l’origine des matières premières et sur le remontage des pièces découpées afin d’étudier minutieusement les gestes de ces tailleurs.
Ça va être un gros puzzle !
Par ailleurs, nous réaliserons des analyses tracéologiques des impacts laissés sur les instruments afin de déterminer exactement leur fonction : pointe de sagaie ? découpe de viande, d’os ?
Enfin, nous allons travailler sur l’analyse de l’organisation spatiale de ce campement en observant la répartition des différents objets au sein de l’ensemble. Ce campement formé de tas de cailloux nous donne des perspectives d’études nombreuses !
(1) Institut national de recherches archéologiques préventives