Le jumelage : une affaire de liens, de partages et de personnes
Président du comité de jumelage avec la ville de Los Corrales de Buelna, (ville espagnole de Cantabrie) depuis 2020, Alain Menet et son équipe de bénévoles dévoilent les coulisses d’un comité et les projets qui leur tiennent à coeur pour renforcer et pérenniser les liens entre les deux communes.
Pour rappel, c’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que les jumelages entre villes européennes et françaises ont vu le jour. La volonté est de tisser des liens fraternels dans une Europe meurtrie. En France aujourd’hui, on compte plus de 4200 communes jumelées et près de deux tiers ont moins de 5000 habitants. En 1996, La Haye-Fouassière trouve sa jumelle Los Corrales de Buelna, une ville de Cantabrie de 10 000 habitants en Espagne en bordure d’Atlantique.
Echange culturel et cours de langue
«Une cohérence. C’est ce qui motive le choix d’une commune pour tisser des liens dans le temps », souligne Alain Menet. « La musique par exemple, grâce à l’école de musique de la Haye Sol en Vigne et la Tuna universitaria (groupe musical traditionnel espagnol composé d’étudiants pour los Corrales. Les séjours bien sûr dans nos pays pour faire découvrir nos patrimoines respectifs », poursuit le président du comité de jumelage. Une année sur deux des habitants des deux villes se retrouvent quelques jours dans les familles d’accueil autour de projets de visites. «Nous leur avons fait découvrir le patrimoine de la Haye, l’Abbatiale de Grand Lieu, le mont SaintMichel, mais aussi Nantes. Nous avons voyagé sur la Loire jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire ».
Les Hayonnais ne sont pas en reste. La Cantabrie possède ses vins que l’on déguste dans la cave de la Cieza et en bordure d’Atlantique, la ville de Los Corrales offre sa baie aux visiteurs et ses montagnes proches pour randonner.
Les deux villes rivalisent de trésors et entament une joute culturelle… Ici, le château médieval d’Oudon et les habitations troglodytes de Rochemenier. Làbas,
le château de la Magdelena de Santander et la grotte préhistorique de Orbajena del Castillo. Et quoi de mieux que de travailler la langue pour mieux apprécier sa culture. A l’année, le comité propose 30 cours d’espagnol d’une heure et demie avec trois niveaux, du débutant à avancé. On s’initie ou l’on converse selon, accompagné par trois enseignantes dont deux de langue maternelle.
« Un jumelage c’est un lien entre deux villes »
« Un jumelage c’est un lien entre deux villes et non pas entre deux comités ». Pour Alain Menet, cela fait la différence. «Il s’agit d’intégrer le jumelage dans la vie de la commune, écoles, collèges, associations culturelles, sociales pour donner une impulsion à nos projets », souligne le président. C’est ainsi que le comité a sollicité les associations de la commune pour organiser les sorties des Espagnols. Rand’Haye-Vous, Art et Culture sur Sèvre, Histoire et Patrimoine, Confrérie de la Fouasse, In Vino Vita et les propriétaires du château de Rochefort ont ainsi contribué au succès de ces rencontres. La pérennisation des projets est l’objectif de nombreuses associations et pour durer il faut des forces vives. « Un comité n’est pas une association comme une autre, c’est sans doute un peu plus difficile de motiver les plus jeunes et pourtant c’est par eux que l’on va développer nos liens et renforcer les échanges ».
Les bénévoles du comité se sont rapprochés des écoles et du conseil municipal des enfants. A l’école privée, Béatrice Josse, la directrice séduite par un projet d’échange, s’est engagée avec son équipe pour organiser en 2025 un départ de classes CM1 et CM2. « Le projet est déjà bien ficelé », précise Alain Menet. Pour le conseil des jeunes, le comité attend de leur part une proposition.
Le comité, c’est aussi un événement festif traditionnel autour du folklore. C’est le ton de la soirée annuelle Tapas (petits sandwiches espagnols servis à l’apéro). On vient y danser et déguster les tapas que l’on a préparées. « 150 personnes sont venues cette année et certaines se sont montrées intéressées par notre comité », commente le président. Un succès que l’on doit à l’investissement des bénévoles du comité tant dans l’organisation que pour la communication. « On a énormément communiqué sur l’événement et utilisé tous les réseaux et moyens locaux, la presse, Facebook, le panneau numérique de la commune et le calicot au rond-point », précise Gwladys, secrétaire depuis deux ans. « Cette fois, on a vraiment battu le rappel », ajoute Alain Menet qui se félicite de l’engagement de toute l’équipe.
Engagement, responsabilité et fraternité
Comme souvent dans le tissu associatif, les bénévoles, impliqués, portent parfois plusieurs casquettes. « Dans le domaine de l’animation sportive, il faut passer des diplômes et officialiser ses compétences », exprime Daniel Rousseau, membre du conseil d’administration, et engagé sur d’autres associations.
Joël Orhon trésorier tempère : « C’est vrai pour certains postes comme animateur sportif. Au comité c’est différent. Nous n’avons pas besoin de diplômes, en revanche pour la trésorerie il faut aimer les chiffres et être rigoureux ». Il ajoute avec modestie : « Il faut se tenir informé des lois pour établir les feuilles de salaires, les factures comme en entreprise ». Une responsabilité que souligne Alain Menet : « lorsque nous organisons une excursion, rien n’est laissé au hasard et la sécurité du groupe est notre priorité ». Malgré ces exigences, le comité a accueilli récemment cinq recrues, preuve que l’engagement associatif ne faillit pas. «Ici, on se sent en famille, on est des bénévoles heureux », sourit Gwladys, la fille de Daniel Rousseau. Une famille qui se conjugue au-delà des frontières, garante de fraternité.