Le lit de la Loire va être redressé
Pour endiguer la chute du lit de la Loire, un programme de rééquilibrage est prévu. L’aménagement concerne trois secteurs situés entre Nantes et Ingrandes. Les travaux doivent démarrer en 2020.
Vignoble nantais. Au cours du XXe siècle, la ligne d’eau et le fond du lit de la Loire ont chuté de plusieurs mètres sur certains secteurs entre Les Pontsde-Cé (49) et Nantes. L’enfoncement, dû aux aménagements (dragage, creusement, épis…), aux usages de navigation et à l’extraction massive du sable a eu pour effet de déséquilibrer la morphologie du fleuve et le bon fonctionnement écologique des milieux. Parmi les conséquences, des bras secondaires et des boires, aujourd’hui déconnectés du lit du fleuve, reçoivent de moins en moins d’eau alors qu’ils sont des milieux importants, notamment pour la reproduction des poissons. « Les milieux biologiques deviennent des milieux terrestres et non aquatiques. On assiste à un appauvrissement de la biodiversité, » explique Séverine Gagnol, cheffe de l’unité territoriale Loire à Voies navigables de France. L’établissement public placé sous la tutelle du ministère de l’Environnement est le maître d’ouvrage du programme de rééquilibrage du lit de la Loire.
Une Loire qui s’enfonce a aussi un impact sur les ouvrages. Le phénomène accentue l’érosion au niveau des levées de protection (digues) et risque de déséquilibrer les piles de ponts.
Trois secteurs concernés
Le programme qui s’inscrit dans le contrat pour la Loire et ses annexes 2015-2020 fait suite à des dizaines d’années d’études et de prises de conscience. L’objectif de l’opération vise le rééquilibrage de la Loire et de son lit sur 20 km de manière à observer « une remontée progressive du fleuve. Et de retrouver une Loire plus mobile avec des bras de sable qui bougeront. La Loire est l’un des derniers grands fleuves sauvages. C’est cet état naturel que les différentes actions souhaitent restaurer » .
Les travaux vont démarrer en 2020. La première phase, étalée sur trois ans, concerne trois secteurs. Le programme prévoit un aménagement en amont de Bellevue, au niveau de Nantes. L’ouvrage submersible pourrait être « légèrement visible » en période d’étiage. Au niveau d’Oudon-Anetz, est prévu un remodelage des épis. Ils vont être raccourcis, abaissées, voire supprimés selon les cas. Ce remodelage va permettre de libérer une partie du sable retenu. La dernière intervention se situe au niveau d’Ingrandes-Montjean. Elle consiste à démonter les boudins en géotextile des seuils du Fresne. L’impact sur les activités liées au fleuve (tourisme, pêche) « sera temporaire » . Les travaux auront lieu autour du mois de septembre, « période où le niveau d’eau est le plus faible ».
42 millions d’euros
Une deuxième phase de travaux est prévue. Son calendrier n’est pas programmé. « Un suivi va être fait. Tout dépendra de l’évolution du fleuve. Dans ce genre d’opération, on est humble. On ne modèle pas la Loire comme on veut » , indique Séverine Gagnol. 1,5 million de m3 de dépôts de sable sont attendus entre Bellevue et Ancenis en dix ans.
Entre les études et les travaux, le coût du programme est de 42 millions d’euros. Il est cofinancé par l’Agence de l’eau (45 %), la Région (30 %), les fonds européens du FEDER (20 %) et Voies navigables de France (5 %). Dans le cadre de la concertation publique lancée en avril 2018, la Commission nationale du débat public a été saisie.