L'Express (France)

Fast-food : la guerre annoncée du burger végétal

Depuis le 12 novembre, Burger King a déployé dans presque toute l’Europe une version végétarien­ne de ses hamburgers. Les enseignes concurrent­es ne devraient pas tarder à riposter.

- Par Bogdan Bodnar B. Br

Un résultat ultratrans­formé, pas forcément plus sain qu’une formule classique

Pause déjeuner sur Grafton Street, l’une des grandes artères commerçant­es de Dublin. Kelly, fervente végétarien­ne, court au Burger King. « Des années que je n’y avais pas mis les pieds et c’est la deuxième fois que j’y retourne », lancet-elle en dévorant son burger… végétarien. Deux semaines à peine que l’enseigne américaine a dévoilé son menu « Rebel Whopper » en Irlande, et la caissière du restaurant nous assure que ces sandwichs au steak végétal se vendent comme des petits pains.

Et pour cause : le nombre de végétarien­s a doublé en dix ans sur l’île verte, jusqu’à atteindre 8 % de la population. Un pourcentag­e qui grimpe à 9 % au Royaume-Uni, le voisin insulaire, où l’enseigne de fast-food a prévu de déployer cette nouvelle offre en janvier. C’est en effet une véritable vague vegan – régime excluant tous les produits d’origine animale – qui déferle outreManch­e, avec une hausse de 388 % des commandes de plats végétalien­s à emporter entre 2016 et 2018, selon la British Takeaway Campaign.

Une tendance forte et planétaire que les géants du fast-food ne pouvaient ignorer. Si Burger King est le seul à avoir déployé un menu à l’échelle mondiale, KFC et McDonald’s ont déjà lancé des phases de tests (réussis) dans des restaurant­s outreAtlan­tique. Derrière la rivalité historique des trois enseignes, une autre lutte se joue entre Beyond Meat et Impossible Foods, les deux start-up qui se partagent la production nord-américaine de steak végétal. Le premier fournit McDonald’s et KFC, tandis que le second ravitaille Burger King. Côté goût et aspect, il est difficile de réellement distinguer cette fausse viande de la semelle habituelle que l’on retrouve dans les fast-foods. On est passé du steak de soja à un composé de protéines végétales. Une copie parfaite : du sang artificiel au goût jusqu’au crépitemen­t sur le gril.

Un résultat ultratrans­formé, pas forcément plus sain qu’une formule classique. « Le burger végétal est encore plus calorique. On y mélange énormément de protéines de toute sorte – lentilles, pois chiches, soja et bien d’autres, nous explique Ysabelle Levasseur, diététicie­nne nutritionn­iste. Sans compter les nombreux additifs, agents de texture et acidifiant­s visant à reproduire le goût original du steak. »

C’est la jeune pousse néerlandai­se The Vegetarian Butcher, rachetée fin 2018 par Unilever, géant de l’agroalimen­taire, qui approvisio­nne les restaurant­s Burger King en Europe. Les normes bruxellois­es interdisen­t en effet les steaks végétaux produits par Beyond Meat et Impossible Foods, leurs protéines étant issues de cultures OGM. En France, faute de demande, il faudra patienter avant de voir l’offre débarquer dans les grandes chaînes : 2 % seulement de nos compatriot­es sont végétarien­s, selon l’institut Xerfi. Pas assez pour que Burger King déploie son Rebel Whopper dans l’Hexagone. L’enseigne affirme qu’elle préfère « répondre à la très forte attente des Français pour des burgers gourmets, avec le lancement récent d’une nouvelle gamme : les « Masters Burgers », des recettes à base de viande charolaise ou de cantal. Au pays du fromage et de la bavette, les « vieilles saveurs » résistent encore.

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