L'Éclaireur (Vimeu Trois villes soeurs Vallee de la Bresle)
Treize classes menacées
Après l’annonce du plan de fermeture de 13 classes dans le Vimeu, les parents et les élus ont décidé de faire entendre leur voix, ensemble. Au-delà de l’effectif, ils posent des questions pour l’avenir.
Mardi 6 février, 10 h 30. Le long couloir de l’école de Fressenneville, habituellement désert à cette heure, fourmille de monde. Les 123 élèves de primaires discutent, dessinent, lisent… Ils ne sont pas en classe : les cours sont bloqués par les parents qui refusent de voir une classe fermer à la rentrée. « Ça veut dire mettre 30 élèves par classe en CM1 et 31 en CM2 », s’insurge Sylviane Beaurain, 1re adjointe au maire.
Fin janvier, l’académie boucle un plan de fermeture de classe : 63 dans le département de la Somme dont 13 dans le Vimeu. Si ces fermetures ne sont pas encore confirmées, leur annonce a poussé les parents à se mobiliser. Le soir du mardi 6 février, une réunion à la Maison pour tous de Fressenneville est organisée pour déterminer la ligne de conduite du mouvement naissant. Autour de la table, de nombreux maires de villes et villages concernés et des représentants de parents. « Nous devons mener des actions ensemble. On a tous travaillé individuellement, maintenant il faut le faire collectivement ! » assure Julien Boclet, vice-président des parents d’élèves et conseiller municipal à Fressenneville.
Les villages pris de court
Devant la colère montante causée par les effectifs dans les classes qui augmenteront fatalement, le maire de Friville, David Lefèvre, dont l’école primaire Guillaume Apollinaire risque de perdre une classe, suggère d’étendre le débat : « Ce n’est pas qu’une question d’effectif, il y a aussi la qualité des infrastructures et du matériel qui compte. Mais c’est d’autant plus rageant qu’après avoir investi, [la Ville a dépensé 7 500 € pour renouveler le mobilier scolaire en fin 2017] on nous dise qu’une classe ferme. »
Le temps presse, et tous en ont conscience : les fermetures seront officialisées par l’académie le 15 février. Au-delà de la question de l’effectif se pose aussi celle du délai d’information des communes. Les élus présents souhaitent une organisation sur le long terme, avec des prévisions sur deux à trois ans pour avoir une vision à long terme et pouvoir ajuster leurs investissements.
Prendre part aux discussions
Ils demandent également à être consultés régulièrement pour ne plus avoir le sentiment de subir les décisions de l’état. « Dans quelques années, il y aura un projet commun à mener. Il faut voir comment on veut s’organiser », souligne Mathieu Gueriel, délégués des parents d’élèves à Friville.
Autre bémol aux yeux des militants, la définition des REP, réseaux d’éducation prioritaire anciennement ZEP. Dans son programme, le président Emmanuel Macron prévoit la division par deux des effectifs dans les classes de CP et CE1 en REP. Pour ce faire, il compte sur la création de 4 000 à 5 000 postes pendant son quinquennat mais aussi sur la réorientation de 6 000 à 10 000 enseignants. « Dans le Vimeu, les critères sociaux sont proches de ceux des REP, glisse Hervé Mention, conseiller municipal à Friville. Le Vimeu est très touché par le chômage [10,6 % en 2016 selon la CCI], c’est un coup très dur qui est porté. L’inégalité va se creuser entre la campagne et la ville. »
Pour faire part de leurs revendications, élus et représentants ont co-rédigé une lettre accompagnée des signatures des parents d’élèves qui a été envoyée à l’inspection académique, ils ont également appelé à l’occupation des classes vendredi 9 février. Présents dans la salle, les maires d’yzengremer, de Toursen-vimeu, de Woincourt – dont l’école n’est pas menacée cette année – et un parent d’élève de Beauchamps, ont passé le message dans leur village.
« L’inégalité va se creuser »