Prison avec sursis pour le propriétaire d’un tracteur qui a tué une automobiliste
Un agriculteur de Crevin dont le tracteur inoccupé avait dévalé une pente pour venir percuter le véhicule d’une mère de famille à Pancé a été condamné, le jeudi 21 mars.
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné jeudi 21 mars l’agriculteur de Crevin dont le tracteur inoccupé avait dévalé une pente pour venir percuter le véhicule d’une mère de famille à Pancé, le 30 avril 2022.
Pour rappel, la voiture de cette mère de famille de 53 ans avait dramatiquement croisé la route d’un tracteur stationné « en haut d’une pente », au bord d’un champ, au niveau du lieu-dit de la Pinçonnière, sur la route départementale 777, alors que ses propriétaires, s’affairaient « 100 mètres plus loin ».
Une mère de famille décédée
L’engin de l’agriculteur de 61 ans présentait en fait « une déficience majeure » au niveau du frein à main, et le système indépendant de freins de la remorque attelée n’avait pas davantage été actionné, car « personne ne le fait jamais », avait à l’époque expliqué le sexagénaire.
Il avait donc été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Rennes pour « homicide involontaire » : sa « faute » était de ne s’être « jamais soucié de régler la difficulté » sur son engin « en allant chez un professionnel pour régler ce “défaut de voyant ” », a détaillé le procureur de la République à l’audience.
Et finalement, cette erreur « bête, simple, stupide » avait eu des « conséquences épouvantables » et « tragiques » : après avoir été héliportée en urgence, cette mère de deux filles était décédée le 1er mai 2022.
« Quand ça vous arrive sur les oreilles, ça fait drôle, parce que la dame, je la vois toujours dans la voiture », a pudiquement déclaré le prévenu à la barre, laissant couler de temps à autre ses larmes devant les magistrats.
« Je suis vraiment désolé de l’accident, tous les jours j’y pense », a aussi insisté celui qui a passé la main de l’exploitation à son fils unique, lui aussi présent lors du drame.
Il est pourtant « dur au mal », avait relevé Me William Pineau, l’avocat de la famille, s’expliquant ce trait de caractère par la dureté de ce métier. Mais « un tel enchaînement hasardeux » débouchant sur cette « course folle » n’aurait pas pu avoir lieu si l’agriculteur avait garé son véhicule « perpendiculairement à la pente » et procédé à l’entretien nécessaire.
Deux ans de prison avec sursis
Me Erwan Prigent, l’avocat de la défense, avait pour sa part réclamé qu’on ne réduise pas l’agriculteur à « l’inconséquence, l’inconscience ou à l’indifférence » : son client, un « bourreau de travail » depuis l’âge de 14 ans « ressent cette douleur » et a été « brisé » par cet accident.
« Il s’est contenté du visible, de l’accessible » pour ne pas « renvoyer son tracteur chez un professionnel », et c’est « son erreur ».
Finalement, et conformément aux réquisitions du ministère public, le prévenu a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Il devra aussi indemniser les différents préjudices du veuf et de ses deux filles.