Les Proies

De Sofia Coppola

Thriller, drame. 1h33 Américain Date de sortie : 23 août D’après l’oeuvre de Thomas Cullinan, Albert Maltz et Irene Kamp Musique : Phoenix Photographie : Philippe Le Sourd Interprètes : Colin Farrell (Caporal McBurney), Nicole Kidman (Miss Martha), Kirsten Dunst (Edwina), Elle Fanning (Alicia)…

En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé, du camp adverse. Alors qu’elles lui offrent refuge et le soignent, l’atmosphère de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent… jusqu’à l’explosion. Roman de Cullinan adapté au cinéma en 1971 par Don Siegel (avec un Clint Eastwood en soldat blessé attendant de savoir à quelle sauce il va être mangé… sans jamais se départir de son sourire de prédateur), Les Proies ne pouvait que servir d’excellent terrain de jeu à une nouvelle rêverie éthérée de Sofia Coppola. Car il s’agit bien d’un jeu, impliquant prédateurs et proies dont les rôles sont évidemment confus, mouvants. Une maison, sept femmes, un homme… beaucoup de possibilités. La cinéaste greffe ici ses obsessions et adopte le point de vue des femmes, continuant de développer, comme dans Virgin Suicide, la dynamique de groupe qui les anime, les transforme, bouleversées par cet homme à leur merci, jusqu’à ce que les codes de la bienséance, les tabous et les interdits volent en éclats. Image douce et soignée, décors poétiques, rythme lancinant, Les Proies est un film au charme vénéneux, porté par des actrices superbes et magnétiques. Coppola se moque avec finesse des stratagèmes mis en oeuvre par ses héroïnes pour se mettre en lumière auprès du militaire et offre des dialogues ciselés pleins d’ironie, où l’élégance côtoie une drôlerie perfide. Dommage que le personnage de Colin Farrell soit sous écrit et que les rapports humains ne soiens pas aussi bien exploités qu’on le souhaiterait, ce qui aurait permis à ce huis clos historique d’être aussi véritablement marquant.