Aude Courtel, paludière solidaire
Aude Courtel, titulaire d’une maîtrise de lettres, a eu un emploi jeune au Sivom d’herbignac où elle était chargée de communication. Déjà, elle sensibilisait à l’environnement. Mais elle souhaitait être plus en accord avec son rythme : être dehors. Elle est paludière depuis 2002 dans le bassin du Mès et son exploitation compte 38 oeillets, environ 3 ha.
Elle aime parler de son métier et sa fonction de « gardien du patrimoine », de la solidarité auprès de pays d’afrique avec l’association Univers-sel et de son rôle de transmission auprès des plus jeunes.
Le soleil est le patron
« C’est la nature qui gouverne, annonce Aude Courtel. C’est une profession où le soleil est le patron ! » Malgré la pénibilité du travail, le rythme d’agriculteur - celui de la nature - différent d’un rythme social traditionnel, sa passion pour le marais est trop forte aujourd’hui pour envisager de faire autre chose. La technique de production est artisanale. La méthode de récolte millénaire. « Le métier s’est professionnalisé fin des années 70 et les paludiers sont mieux reconnus. »
Le paludier contribue à la préservation d’un site exceptionnel, millénaire. Par son travail, il préserve l’emploi, l’histoire, la biodiversité. Selon Aude Courtel, « les paludiers sont des gardiens du patrimoine, ils sont acteurs de la biodiversité et font partie de l’économie de la presqu’île ».
Solidarité avec la Guinée-conakry
« Je ne fais pas que travailler dehors, je suis aussi impliquée dans des associations telle qu’univers-sel ». C’est une association de solidarité internationale. Depuis 1989, ils se sont tournés vers un développement solidaire avec les producteurs de sel du Bénin, de la Guinée Conakry. Ils développent des méthodes salicole et rizicole peu coûteuses, et non dévastatrices pour l’environnement. En Guinée Conakry, la forêt « mangrove » est en voie de disparition et les populations souffrent de malnutrition. Des échanges de savoir-faire vont aider à développer des techniques plus écologiques. « Les Guinéens utilisent une technique de production ignigène, par le feu, pour obtenir du sel. Ils font chauffer une saumure (eau salée) et ils récoltent le sel par évaporation. La production ignigène est une grosse dévoreuse de bois ! »
Les objectifs pour la Guinéeconakry : économiser du bois, planter de nouveaux palétuviers (poumons de la mangrove), mieux vivre. Les enfants qui travaillent à la coupe du bois ne vont plus à l’école. En remplaçant la méthode ignigène par la méthode solaire pour obtenir du sel, les enfants sont scolarisés, le pays a plus de revenus, le patrimoine est conservé. « Mais la Guinée-conakry rencontre une autre problématique : les sols ne sont pas étanches, l’eau est capturée et reste. Le sol doit être argileux pour garantir l’étanchéité entre les différents niveaux de la saline mais il doit être aussi malléable et apte à garder le frais pour assurer une bonne cristallisation », indique Aude Courtel. C’est la technique de la bâche, la solution pour une production solaire du sel en Afrique de l’ouest qu’apporte Universsel aux Guinéens.
Transmission de savoirs
Transmettre son savoir-faire, c’est aussi ce qui motive la paludière. Aude Courtel a toujours ouvert sa saline aux enfants de l’école depuis le début de son activité (lire ci-dessous). Formée par une femme, aujourd’hui, c’est à son tour de donner ses techniques à une femme. « Avoir été formée par une femme m’a aidée pour concilier vie de famille et vie professionnelle. »