LES CHAUSSONS
Bien que développés dès les années 30, il a fallu attendre les années 80 et l’explosion de l’escalade libre pour que leur utilisation se généralise.
Du cuir des premiers modèles, on est désormais passé à des assemblages de matières synthétiques qui permettent une meilleure tenue dans le temps sans déformation ni allongement excessif. La semelle, et depuis quelques années, le dessus de la pointe et l’enrobage du talon, sont composés de gommes caoutchoutées très adhérentes dont le secret de fabrication est jalousement gardé par les fabricants. Entre le chausson et la gomme extérieure, des intercalaires en fibres composites ou en plastique sont insérés pour rigidifier plus ou moins l’ensemble. Les semelles peuvent ensuite être plus ou moins épaisses, renforçant cette rigidité et amenant des sensations différentes de contact avec le rocher. Certains modèles sont conçus spécifiquement pour l’anatomie du pied féminin qui présente quelques différences par rapport au pied masculin : plus étroit, tendon d’Achille plus mince, astragale plus bas et cambrure plus prononcée. Pour plus de précision et de meilleures sensations, les chaussons s’enfilent pieds nus.
On distingue deux grands types de chaussons
>les chaussons à lacets qui, par le réglage du serrage, permettent d’être précis sur les petites prises et d’avoir une bonne tenue du pied. La semelle rigide est assez épaisse pour soulager la voûte plantaire et permettre d’avoir plus de force sur les appuis. Les talons sont aussi renforcés par des enrobages élastiques qui permettent de “pousser” le pied vers l’avant et d’augmenter la puissance de poussée.
>les ballerines s’enfilent rapidement mais sont nettement plus souples que les chaussons. C’est un avantage sur des voies en adhérence, mais cela nécessite une bonne musculature des pieds et des mollets pour une utilisation sur de petites prises. Elles sont plus confortables et la facilité de chaussage/déchaussage permet de les enlever régulièrement, même au relais d’une grande voie. Attention, dans ce cas, de ne pas les laisser échapper… La languette de chaussage peut alors être utilisée pour les mousquetonner au baudrier ou au relais. >Un modèle intermédiaire a aussi fait son apparition : une ballerine évoluée avec un intercalaire de rigidification et dotée de systèmes de serrages complémentaires par velcro pour renforcer la tenue générale du pied et permettre les crochetages du talon et autre spatules (réalisées avec l’avant du pied). La tenue et la précision se rapprochent donc fortement des chaussons à lacets, sans toutefois permettre d’affiner le serrage de la pointe ce qui peut être nécessaire dans des voies sur petites prises.
Les chaussons sont construits selon deux formes générales :
>droite : le chausson est conçu comme une chaussure normale et les points d’appui se répartissent ainsi sur toute la surface avant de la semelle. Combinés la plupart du temps à une semelle plate (sans pointe plongeante ou « griffante »), ils sont confortables et destinés aux escalades faciles et aux débutants. >asymétrique : la forme courbe du chausson, plus anatomique, permet d’orienter l’appui principal vers la carre interne et la pointe. Même si à première vue ils paraissent tordre le pied, on s’habitue vite à ce type de maintien, indispensable dès que l’on grimpe sur de petites prises. La plupart des chaussons actuels sont construits selon cette norme. Leurs semelles sont plongeantes, p g , les orteils
étant ainsi guidés vers le bas, ce qui procure encore plus de puissance lors de la poussée. À l’extrême, la pointe peut être vraiment recourbée, elle est alors dite « griffante », ce qui permet de crocheter plus facilement les prises dans les dévers et les surplombs.
Choisir ses chaussons
Vous devez orienter votre choix à partir de plusieurs critères: >votre niveau : l’escalade est une activité plaisante et ludique mais souvent, ce qui choque le plus les débutants, c’est le « mal aux pieds » dans les chaussons. Bien que des efforts soient faits dans ce domaine, il faut comprendre que le compromis confort/efficacité/précision est dur à réaliser. Pour un débutant, il n’est pas utile de se torturer les pieds pour évoluer simplement sur de grosses prises. Mais à partir d’un niveau 6c/7a, la précision devient de mise, il faut donc un peu serrer les dents… >le type d’escalade que vous pratiquez : chaussons confortables et larges pour de grandes voies, et serrés et précis pour du bloc, par exemple… À partir d’un niveau intermédiaire, il vous faudra donc investir dans deux paires de chaussons au moins : l’une pour les voies « courantes » et l’échauffement, et l’autre, super précise, pour vos projets. Mine de rien, un chausson très bien ajusté peut faire gagner un demi-niveau de cotation car, s’il permet de pousser sur de plus petites prises, il peut aussi procurer un réconfort psychologique important lors de l’essai d’une voie « extrême » pour vous… >votre type de pied : fin, moyen, large : les chaussons sont conçus pour convenir au plus grand nombre. Les cotes correspondent ainsi à un pied moyen. Il faut donc essayer plusieurs modèles afin de trouver celui qui vous conviendra le mieux. Quoi qu’il en soit, il faut « remplir » le chausson en laissant le moins possible d’espace libre au niveau des orteils. S’il est trop large, la semelle et la carre s’écraseront simplement sur la prise et votre effort de poussée ne sera pas vraiment efficace. Les fabricants développent leurs gammes selon des critères morphologiques souvent identiques et continus. Ainsi, quand vous aurez trouvé votre bonheur dans une marque, vous y reviendrez sûrement… Question pointure, les fabricants ont aussi fait de grands progrès quant aux correspondances des tailles chaussures de ville/chaussons d’escalade. Jusque dans les années 90, il fallait prendre trois ou quatre pointures au-dessous de sa taille habituelle pour être précis…
Les matériaux ayant évolué, les chaussons actuels se détendent juste ce qu’il faut pour simplement s’adapter au pied et devenir « confortables » au bout de quelques heures. Vous pouvez donc prendre environ une pointure seulement sous votre taille habituelle.
Préparer & entretenir ses chaussons
La semelle est l’élément le plus important de votre chausson car c’est par son intermédiaire que vous êtes en contact avec les prises de pied. La semelle d’un chausson neuf est recouverte d’une petite couche de gomme totalement lisse et souvent très glissante. Elle ne deviendra adhérente qu’après quelques heures d’utilisation, dès que cette fine couche aura été usée et que de petites aspérités apparaîtront à sa surface. Faites donc attention durant les premières escalades, car vous risquez de vraiment « zipper » (glisser) des pieds… Pour gagner un peu de temps, vous pouvez la frotter sur une pierre, avec une lime ou du papier de verre, jusqu’à atteindre la « réelle » gomme collante. Pour maintenir cette adhérence, il convient que la semelle soit toujours propre. Évitez donc de marcher dans la terre avec vos chaussons (marche d’approche ou de retour) car vous risquez en plus de les déformer exagérément. Au pied de la voie, vous pouvez prévoir un chiffon ou un morceau de moquette pour ne pas mettre de poussière sur votre semelle. Pour arriver à l’adhérence maximale, une astuce consiste à cracher sur la semelle, et à la frotter pour la nettoyer et la sécher jusqu’à ce qu’elle « couine », c’est-à-dire qu’elle produise un grincement caractéristique. Là, elle est réellement propre et vous sentirez d’ailleurs la résine incluse dedans qui colle littéralement aux doigts. Contrairement à la plupart des autres matériels d’escalade qui doivent être mis au rebut aux premiers signes d’usure, les chaussons peuvent, eux, bénéficier d’un ressemelage par des cordonniers spécialisés. Ils auront ainsi une seconde jeunesse et s’ils vous vont parfaitement au pied c’est une excellente alternative pour combiner confort et précision. Le novice a souvent tendance à tâtonner sur les prises de pied, à glisser et à s’y reprendre à plusieurs fois. La gomme de ses chaussons s’use ainsi beaucoup plus vite que celle d’un grimpeur confirmé qui vise très précisément les prises. Le ressemelage aura tendance à rigidifier à nouveau le chausson, mais vous pouvez demander d’inclure un intercalaire si votre chausson s’affaisse à la poussée. Vous pourrez alors choisir entre les différents types de semelles, plus ou moins dures, et d’épaisseurs variables. Tout est affaire de choix personnel… Une gomme dure apportera une meilleure rigidité et une usure plus lente, mais aussi moins de sensations qu’une gomme « molle », plus adhérente, qui englobera mieux les prises mais qui s’usera nettement plus vite. L’opération classique consiste à remplacer la demi-semelle avant, la plus sollicitée sur les prises (+/- 25 euros). N’attendez pas trop pour effectuer un ressemelage car si l’enrobage doit également être changé, c’est un peu plus cher (6-7 euros en plus)… Cette remise à niveau peut être effectuée plusieurs fois, tant que la partie chaussante n’est pas abîmée. Si vous transpirez beaucoup, pensez aussi à sortir les chaussons de votre sac pour qu’ils puissent sécher (à l’ombre) sans moisir.