Dimanche Ouest France (Vendee)
Sur les traces de leur papy, prisonnier de guerre
De Saint- Malô- du- Bois à l’Autriche. Céline Libaud et Solenne Rampillon sont partis à la poursuite de l’histoire de leur grand- père, prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Tout commence grâce à un devoir réalisé par Solenne, noté 10/10, lorsqu’elle était en classe de seconde. « Il fallait apporter un objet d’avant 1950, j’ai apporté la photo de mon papy, Louis- Joseph Hurteau, prise en 1937. Je l’ai interviewé sur son histoire », relate Solenne Rampillon, âgée aujourd’hui de 37 ans. Les enfants de Daniel et Bernadette Baudry, fille de Louis- Joseph Hurteau, avaient voulu apprendre la langue allemande, avec la volonté d’en savoir plus sur l’histoire du papy lors de la Seconde Guerre mondiale. Comme beaucoup, il était taiseux sur le sujet mais le devoir de sa petite- fille avait permis de communiquer un peu plus.
Cinq ans de captivité en Autriche
Originaire de Saint- Malô- du- Bois du village de la Réardière, Louis- Joseph Hurteau a été prisonnier de guerre durant la Seconde Guerre mondiale. Engagé au front dans la bataille de la Somme, le 5 juin 1940, il est capturé par les Allemands. Après avoir été déplacé à maintes reprises, il arrive en Autriche, au stalag XVIII A, le 11 juin 1940.
Le Vendéen tombe malade à plusieurs reprises, en novembre et janvier 1941. Il connaît l’enfer dans une mine, et fuit pour tenter de rejoindre des prisonniers partis travailler dans une ferme. Il arrive alors dans le sudest de l’Autriche, où il écrit dans son récit : « Ici, tranquille. » Enfin, il trouve un semblant de vie familiale, noue une amitié très forte avec Frieda Kratzer, la bonne de la ferme où il travaille. Il restera en Autriche jusqu’en 1945 et rentrera en Vendée en août de la même année.
En 1974, Daniel et Bernadette Baudry avaient emmené Louis- Joseph et son épouse Clémentine en Autriche, sur les traces de sa captivité et sur celles d’un oncle, Alexis Caillaud. La barrière de la langue avait constitué un frein, même si l’émotion était bien au rendez-vous.
Un deuxième voyage, quasi cinquante ans plus tard
Presque cinquante ans après le premier voyage, Solenne Rampillon et sa grande soeur Céline Libaud, 47 ans, se sont lancées dans une enquête, grâce notamment aux réseaux sociaux. « En mai 2023, je publie un post sur Facebook pour chercher des infos. Il est partagé 1 000 fois ! » explique Solenne Rampillon.
La magie d’internet permet alors de mettre en lien des personnes, Céline Libaud et Solenne Rampillon retrouvent Frantz, le fils de Frieda Kratzer ; Barbara, la nièce par alliance de Frantz, qui les héberge ; Johann, le fils du patron chez qui Louis- Joseph dormait avec trois autres prisonniers. Il y a aussi Andréas, un voisin, qui a réagit à la publication Facebook et possède la même photo de 1974 que les filles, avec un mot de remerciement du
Les deux soeurs se rendent alors en Autriche en septembre 2023, avec leurs parents. « On a vraiment vécu des moments forts. On a été bien reçus partout. On pense que Frantz et sa femme viendront nous voir. Nous, on a envie d’y retourner et d’emmener nos familles », poursuivent les deux soeurs, qui se disent proches de leurs nouveaux amis Autrichiens, tant par la culture que par l’environnement à la campagne.
« On est fiers d’avoir fait ce voyage avec nos filles », se réjouissent pour leur part Bernadette et Daniel Baudry, car aujourd’hui la barrière de la langue n’est plus un frein.
Avant un nouveau voyage, les deux soeurs restitueront à leurs cousins, ici en Vendée, l’histoire approfondie du papy, décédé en 2009 à 93 ans, grâce à leurs recherches et aux liens
humains tissés en Autriche. L’histoire ne fait que commencer…
Contact : les petites- filles de LouisJoseph Hurteau invitent celles et ceux qui ont des points communs avec leur histoire à communiquer via Facebook : Solenne Rampillon et Celine Libaud.