Dimanche Ouest France (Vendee)
13 000 kmà pied, de La Roche- sur-Yon à la Chine
Voilà un peu plus de 100 jours que Louise Boudaud a quitté laVendée. Chaque jour, elle se met en quête d’un hébergement chez l’habitant. Ceweek- end, elle fête ses 27 ans en Serbie.
Rien sur les réseaux
« J’écris, mais je prends très peu de photos. Et je ne poste rien sur les réseaux. » Un peu plus de 100 jours après son départ de Château- Fromage, un village de La Roche- sur-Yon, Louise Boudaud est ravie de faire le point sur son périple pour OuestFrance.
Le défi est plutôt impressionnant : partie le 1er août 2023, la Vendéenne veut se rendre à pied jusqu’à la ville de Xi’an, en Chine. Ce dimanche, elle est à Belgrade, la capitale de la Serbie.
Une trentaine de kilomètres par jour
Comment les journées s’organisentelles ? « Je marche 25 à 30 kilomètres par jour, ça dépend du dénivelé », explique Louise Boudaud. Les trajets prennent du temps et de l’énergie. « Mon corps s’est habitué. J’ai aussi appris àm’adapter. Je fais des pauses tous les 100 km, avec une journée où je visite un endroit tranquillement. »
Les itinéraires ? « Jem’oriente souvent en demandant mon chemin aux personnes que je rencontre, ça marche très bien ! » La marche est propice à l’observation : « J’emprunte beaucoup de chemins sur lesquels j’aperçois des animaux, c’est génial d’être aussi proche de la nature au quotidien ! »
La question de l’hébergement
La tente a parfois servi, mais « assez peu » . Louise explique : « J’étais sceptique, mais j’ai découvert que ce que l’on m’avait raconté est vrai : j’ai développé une sorte d’instinct qui fait que je sais si je peux demander à être hébergée ou non. »
Le fait d’être une femme seule ? « Clairement, c’est très aidant. J’ai rencontré deux hommes qui faisaient un périple et pour qui l’héber
gement était beaucoup plus difficile. Avec une femme seule, d’un petit gabarit comme le mien, les gens n’ont pas peur, certains me disent même avoir préféré m’héberger pour être sûr que je n’aie pas de problème. » La recherche d’un hébergement est aussi énergivore : « Je m’y mets avant que la nuit tombe, vers 16 h – 16 h 30. »
Les rencontres
C’est le grand intérêt de ce voyage. « Je vis des moments très forts, amplifiés par le fait que l’on sait qu’on ne se reverra pas », analyse la marcheuse, touchée par les photos que partagent ses hôtes après son séjour. Les affinités sont évidemment plus ou moins grandes. « Les gens sont curieux de parler avec moi. Et en même temps, certains peuvent
évoquer leur peur de l’étranger ! Je vois bien que je dois adapter mon comportement au fil de mon voyage. Il y a des différences culturelles dont je dois tenir compte pour rassurer. »
Les regards sur son voyage
« J’ai subi des remarques désagréables quand je suis partie. C’est dommage. Je suis contente de témoigner que le voyage se passe très bien, que je me sens en sécurité », explique encore la Yonnaise.
Au fil des rencontres, elle constate que sa démarche suscite parfois de l’incompréhension. Là aussi, elle a appris à s’adapter : « Plus je m’éloigne de la France, plus il est difficile de convaincre que j’ai fait tout le chemin à pied. Pour ne pas déstabiliser mes interlocuteurs, je me contente de dire que je viens de tel endroit et que je vais à tel autre, j’attends un peu avant de détailler. »
Le lien avec les proches
La communication se fait au gré des zones wifi. « Je donne de mes nouvelles et je suis très heureuse du soutien quim’est apporté, consciente que ce n’est pas forcément facile pour mes proches » , apprécie Louise Boudaud.
Ce week- end, elle va pouvoir fêter ses 27 ans à Belgrade, avec sa maman, qui vient la rejoindre. Dans ce voyage, Louise ne se sent pas seule ; « Les galères sont inévitables. Avoir des gens qui m’encouragent, me soutiennent, même à distance, c’est essentiel. »