Dimanche Ouest France (Loire-Atlantique)
Quand l’héritage divise les familles
rien et je ne voyais pas où elle voulait en venir. » C’est le notaire quelques mois plus tard qui l’éclaire. « Mon père et ma belle-mère étaient mariés sous le régime de la communauté. Ils avaient prévu une donation au dernier
vivant [une donation entre époux, au bénéfice du conjoint survivant] et j’étais héritière réservataire [en tant que fille du défunt, elle ne peut être écartée de la succession] .» Ainsi le couple avait, dans les années 1980, pris des dispositions pour favoriser la transmission de son patrimoine au conjoint survivant.
Le père de Nicole et son épouse avaient environ 50 000 € à la banque. Lui avait également souscrit une assurance vie au profit de sa femme. «Le notaire m’a expliqué que j’hériterai de mon père au décès de ma bellemère, s’il y a encore de l’argent à ce moment-là. Sinon, tant pis. »
« Considérée comme une voleuse »
Une des filles de Nicole questionne alors un autre notaire : « Pour lui, en tant qu’héritière réservataire, j’avais le droit de recevoir la somme réservée de façon à ne pas être lésée. » Le principe général de la loi en France prévoit que les enfants ne peuvent être déshérités. C’est ce que fait valoir Nicole. « Ce n’est pas la question de l’argent. Symboliquement aussi, c’est important », souligne-t-elle.
Au bout de quelques mois, la bellemère de Nicole accepte malgré tout. Cette dernière hérite d’un peu moins de 10 000 €.
Depuis ? « Ma belle-mère ne veut plus me voir ni les neveux et nièces de mon père. » Toute cette histoire lui laisse un sentiment de « gâchis ». « Ça a été dur », résume Nicole, qui a consulté un psy pendant cette période. Elle est contente d’avoir récupéré une valise de photos appartenant de son papa. Elle livre aujourd’hui un conseil : « Que les parents tiennent les enfants au courant de ce qu’ils font pour après leur mort, surtout dans les familles recomposées. »