Dimanche Ouest France (Finistere)
Pourquoi les méchants nous fascinent-ils autant ?
Jérémie Gallen a mis sur le divan les plus grands méchants du septième art pour analyser leurs comportements. C’est l’occasion de mieux comprendre pourquoi on adore les détester.
Jérémie Gallen, psychologue et psychanalyste, également auteur de La psychologie des méchants (éditions de l’Opportun, 14,90 €).
Dark Vador, Voldemort, Hannibal Lecter ou encore le Joker… Pourquoi les méchants, au cinéma, nous fascinent-ils tant ?
Parce qu’ils ne sont pas soumis à l’interdit, notion que le commun des mortels a intégré très vite dans son développement psychologique. Il s’octroie le droit de laisser s’exprimer ses pulsions les plus noires et les plus inavouables, ce qui est assez séduisant pour le spectateur !
Le point commun entre tous les méchants, est-ce le manque d’estime de soi ?
Pas toujours. Pour le méchant narcissique, oui. Mais c’est surtout le manque d’amour, les carences affectives profondes qui peuvent expliquer le défaut d’humanité des méchants. Lorsqu’un individu doit se développer seul, il ne peut pas avoir cette compréhension de l’altruisme, de l’empathie, de tout ce qui fait que l’on va prendre soin de l’autre comme l’on a pris soin de nous. Il ne prend pas autrui pour une personne – aimer et être aimé, pour lui, ce n’est pas le sujet – mais plutôt pour un objet qui ne va servir qu’à atteindre son seul objectif : procurer du plaisir.
Quelle différence entre un méchant névrosé et un psychopathe ?
Le névrosé ne fait pas de mal consciemment. Il est rare que quelqu’un attaque quelqu’un d’autre. Lorsque son moi est en difficulté, que l’on veut se protéger d’un ressenti ou d’une situation, on va avoir des comportements qui font du mal aux autres. Mais ce n’est pas intentionnel, car ce sont des mécanismes de défense. Les méchants de cinéma dont je parle relèvent d’autres critères : perversion narcissique, psychopathie, sociopathie… Or, il faut avoir vécu des événements très particuliers pour développer autant de méchanceté qu’un Hannibal Lecter ou un Dark Vador. Ils restent des exceptions.
Comment réagir face aux méchants que l’on peut croiser tous les jours : ceux qui humilient, rabaissent, lancent des piques ?
L’ignorance est la meilleure des solutions. Sinon, ce qui fonctionne bien, c’est faire preuve d’un peu plus d’intelligence et d’humour. Faire une pirouette pour tourner à la dérision une remarque méchante, par exemple, permet de ne pas donner de prise à ces personnes-là.
Jérémie Gallen est à retrouver sur la chaîne YouTube : « Vas te faire suivre ».