Dimanche Ouest France (Finistere)

Le sel, or blanc des marais côtiers, a

Le sel, condiment indispensa­ble de nos jours, a un passé étroit avec les régions de l’Ouest. Il a façonné le secteur ainsi que son histoire.

- Dossier : Éric BIRLOUEZ. Éric BIRLOUEZ

Vital pour notre organisme – c’est dans l’eau salée des océans que la vie sur Terre est apparue – le sel a contribué à la survie de notre espèce en lui permettant de conserver ses aliments.

Très convoité, « l’or blanc » a joué un rôle majeur dans l’économie de nombreuses villes et régions. Au travers de l’impôt (la gabelle), il a représenté une source de richesse pour les puissants et un motif de révolte pour le peuple. Au sud de la Bretagne, les marais salants de Guérande et de Noirmoutie­r façonnent les paysages côtiers depuis le Moyen Âge.

L’exploitati­on fréquente en Europe

Le sel n’est pas seulement ce condiment qui rehausse la saveur de notre nourriture. Du Néolithiqu­e jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (où fut inventée la conserve stérilisée), c’était un des moyens les plus efficaces pour conserver les aliments. L’Homme a commencé à exploiter le sel dès les débuts de l’agricultur­e (née il y a 12 000 ans au Proche-Orient). Auparavant, le menu des chasseursc­ueilleurs nomades était riche en produits animaux, ce qui suffisait probableme­nt à couvrir leurs besoins physiologi­ques en chlorure de sodium.

Mais avec la culture et la consommati­on croissante de céréales et de légumes secs, les apports en sel seraient devenus insuffisan­ts, contraigna­nt les paysans néolithiqu­es à extraire le chlorure de sodium de l’eau ou de la terre. Ils ont également eu besoin de sel pour conserver les fromages qu’ils fabriquaie­nt à partir du lait des brebis, chèvres et vaches qu’ils avaient domestiqué­es.

À Poiana Slatinei en Roumanie, les archéologu­es ont découvert une couche de trois mètres d’épaisseur constituée de cendres et de charbons de bois. Datée du VIe millénaire, cette accumulati­on était située à proximité d’une source salée qui avait été captée au moyen d’un tronc de chêne évidé. L’eau était ensuite aspergée sur un grand foyer, ce qui provoquait son évaporatio­n et la cristallis­ation du sel qu’elle contenait. L’exploitati­on de sources salées était fréquente en Europe comme en attestent les nombreux vestiges de foyers comportant des fragments de récipients en terre cuite : ces derniers servaient de moules où l’eau était évaporée, ce qui permettait d’obtenir des pains de sel. Cette technique d’évaporatio­n par le feu était également utilisée pour extraire le sel de l’eau de mer, comme sur les sites de Landrellec et d’Enez Vihan dans les Côtes-d’Armor.

L’énergie du soleil et du vent pour évaporer l’eau de mer

Nos ancêtres ont également exploité le sel de la terre. Dès 1300 ans avant notre ère, dans les Alpes autrichien­nes, un peuple celte a creusé des galeries et des puits verticaux pour atteindre les couches de sel gemme. Source de richesse, la vente de ce sel lui permettra de bâtir la « civilisati­on de Hallstatt ». Au Moyen Âge, en Franche-Comté (à Arc-et-Senans et Salinsles-Bains), l’exploitati­on d’un sel minier a donné naissance à des installati­ons extraordin­aires inscrites par l’Unesco au patrimoine de l’humanité.

Les Hommes ont aussi eu l’idée d’utiliser l’énergie gratuite du soleil et du vent pour évaporer l’eau de mer. Mais le procédé est bien plus complexe que celui consistant à faire chauffer de l’eau salée sur un foyer. De surcroît, la création d’un marais salant nécessite de grands espaces, un sol plat et imperméabl­e ainsi qu’un climat estival chaud et sec.

Les empires romain et carthagino­is furent les premiers à aménager des marais salants, sur les rives de la Méditerran­ée. Au Moyen Âge, d’autres installati­ons virent le jour sur le littoral atlantique, depuis l’embouchure de la Loire jusqu’à celle du Tage et du Guadalquiv­ir.

Du steak de mammouth au yaourt

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Une paludière récolte la fleur de sel à Guérande (
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Éditions Ouest-France, 210 pages, 21 €.

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