Dimanche Ouest France (Finistere)

Kevin Costner, un vent d’Ouest sur la croisette

Au Festival de Cannes, l’acteur et réalisateu­r a présenté sa film Horizon, an American Saga. Une fresque en quatre parties sur la conquête de l’Ouest. À 69 ans, c’est un artiste et un combattant.

- Cannes. De notre envoyé spécial Kevin ! Philippe LEMOINE.

Bon sang, Kevin Costner ! Eliot Ness dans Les incorrupti­bles, le lieutenant Dunbar dans le magnifique Danse avec les loups. Alors forcément, quand il entre dans la suite de l’hôtel Carlton où se déroule l’interview, on ressent un léger pincement.

À 69 ans, il porte beau et une moustache façon western. Il est venu à Cannes présenter le premier épisode de Horizon, an American Saga. Une fresque cinématogr­aphique d’au moins quatre opus, entièremen­t tournée en décors extérieurs qu’il réalise, co-produit et dans laquelle il joue.

« J’ai commencé à imaginer cette histoire en 1988. En 2003, j’ai voulu la tourner mais aucun studio n’en voulait alors que mon film Open Range

avait bien marché. Je me suis dit : Vous ne voulez pas de mon film ! Je vais en faire quatre ! »

« L’Amérique était une promesse »

Un pari fou qu’il est en train de gagner. Mais à quel prix ! Pour l’instant, deux épisodes ont été tournés et Kevin Costner a investi plus de 50 millions de dollars de sa poche. Une fresque qui se veut à la fois « épique et intimiste », comme la décrit la comédienne

Sienna Miller, l’une des héroïnes du film. « Quand vous regardez un western, les villes sont déjà là. Tout est construit. Moi j’ai voulu montrer que tout ça est parti de rien », poursuit Kevin Costner. L’histoire d’une jeune nation née dans la violence et la conquête d’un territoire déjà habité. « L’Amérique était une promesse pour le monde, une page blanche à

écrire sauf pour les autochtone­s que nous avons chassés et détruits. » Dans cette saga, les femmes ont un rôle primordial. « Elles sont des survivante­s. » Le réalisateu­r est d’ailleurs venu à Cannes uniquement avec son casting féminin.

Parmi elles, Wasé Chief, une jeune femme originaire de la tribu Lakota. « Mon père avait un petit rôle dans

Danse avec les loups et il était conseiller sur le langage des Indiens. Kevin Costner est très respectueu­x de notre histoire. »

« Dans cette fresque, poursuit Kevin Costner, je veux montrer à quel point, au fond, les humains se ressemblen­t même s’ils se détruisent. Les Indiens d’Amérique étaient comme ces colons, ils aiment leurs enfants, leurs femmes, ils ont leur sens de l’humour. Cela aurait été une erreur de ne pas montrer cette évidence. Hélas, nous sommes une nation qui a réglé beaucoup de choses par les armes ! »

« Il ne lâche rien »

Kevin Costner est habité par son oeuvre. Cela se voit à l’écran et se ressent dans les témoignage­s des comédienne­s qui ont fait le déplacemen­t à Cannes. « C’est quelqu’un de puissant, un leader fort, estime Abbey Lee Kershaw. Il s’est jeté à corps perdu dans cette aventure. Il arrive à gérer des centaines d’acteurs, des dizaines de lieux de tournage… Il ne lâche rien, travaille dur et nous pousse à en faire autant. À côté de ça, c’est aussi un homme sensible à qui vous pouvez parler longuement de votre rôle même si c’est le chaos autour de lui. » Alors, good luck

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| PHOTO : VICTOR BOYKO, GETTY IMAGES VIA AFP Kevin Costner à la soirée Chopard, à Cannes, vendredi.

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