Dimanche Ouest France (Finistere)
À chaque territoire son légume emblématique
Le coco de Paimpol
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Cultivé dans la zone légumière du Goëlo-Trégor (Côtes-d’Armor), le coco de Paimpol est une variété de haricot blanc à écosser. La récolte, réalisée en été au stade « demi-sec », est manuelle : en haute saison, elle mobilise 2 000 à 3 000 « plumeurs de coco ». Le produit fait partie des véritables haricots (Phaseolus vulgaris) qui ont été domestiqués dans les Andes péruviennes et au Mexique. Le coco de Paimpol aurait été rapporté d’Argentine en 1928 par un marin breton. D’abord cultivé dans leurs jardins par les femmes des pêcheurs de Paimpol, il séduit les agriculteurs voisins. Son développement date des années 1950. Le coco de Paimpol a été le premier légume sec à avoir obtenu, en 1998, une AOC.
2 Les pommes de terre primeurs
Au milieu du XVIIIe siècle, un certain Blanchet aurait été le premier à planter en Bretagne des tubercules rapportés des îles britanniques. Mais les Bretons, comme les autres Français, se méfiaient de la pomme de terre… On connaît tous le combat de Parmentier pour convaincre ses contemporains, mais qui se souvient de Mgr de la Marche, surnommé l’Escop ar patatez ? Cet évêque du
Léon ne ménagea pas sa peine pour promouvoir le tubercule « anti-famine » dans son diocèse.
Récoltées avant maturité et fragiles, les pommes de terre primeurs ne peuvent être conservées que quelques jours. Cultivées de Brest à Paimpol et autour de Saint-Malo, les primeurs bretonnes arrivent sur le marché dès avril, juste après celles des îles de Ré et de Noirmoutier.
3 Les endives et carottes bretonnes
Ce légume emblématique du nord de la France est aussi produit en Bretagne, sous l’appellation endive de Kerlouan. Introduite dans les années 1930 sur la Côte des légendes (NordFinistère), elle se développe rapidement : en 1970, 400 producteurs la cultivent. Mais il n’en reste qu’une quinzaine aujourd’hui : l’explosion de l’offre, le déclin de la consommation et la concurrence ont fait effondrer les prix de ce légume.
La carotte de sable de Santec (Nord-Finistère) est cultivée depuis 150 ans sur les sables dunaires qui, à la suite de violentes tempêtes, ont englouti, au XVIIe siècle, une partie de ce village proche de Roscoff. La carotte est récoltée manuellement puis vendue non lavée, toujours couverte de petits grains de sable blancs.
4 Une puissante industrie de légumes transformés
Très tôt, la Bretagne s’est singularisée en orientant vers l’industrie une partie de sa production légumière. À l’origine, ce sont les conserveries de poissons nantaises qui ont eu l’idée de mettre en boîte des petits pois produits localement. Mais c’est autour de Concarneau que démarra, au tout début du XXe siècle, la culture de petits pois spécifiquement destinés à la conserve. Après la Seconde Guerre mondiale, ce fut le tour du haricot vert, du flageolet puis des autres légumes de la « macédoine ».
Aujourd’hui, une vingtaine d’établissements bretons sont spécialisés dans la surgélation et la mise en conserve des choux-fleurs, artichauts, épinards, haricots, petits pois et tomates produits dans la région.