Dimanche Ouest France (Finistere)
Centrale d’achat bloquée : les paysans délogés
Près de Nantes, les gendarmes ont mis fin au blocus de la centrale d’achat de Leclerc par les agriculteurs. Il s’agissait de l’un des deux derniers blocages de la Confédération paysanne.
La veille, ils avaient voté à l’unanimité la poursuite du blocage de la Sca Ouest, à Saint-Étienne-de-Montluc (Loire-Atlantique), près de Nantes, qu’ils occupaient depuis lundi. Depuis, plus aucun camion ne pouvait ni entrer ni sortir de cette centrale d’achats, qui alimente quarante-neuf magasins Leclerc de l’Ouest.
Les trois organismes à l’initiative de l’opération (dont la Confédération paysanne), n’avaient pas trouvé d’espoir dans les propositions du Premier ministre. Ce qui a fait plier la FNSEA ne pouvait convenir à ces fervents défenseurs d’un mode de production soucieux de l’environnement.
« On va décider des suites »
La mise en pause du plan Ecophyto, dont le but est de restreindre l’usage des pesticides, ne passe pas. Et ils estiment n’avoir aucune garantie pour que soit respectée la loi Egalim, censée rééquilibrer le rapport de force avec les industriels et les distributeurs.
Après la levée volontaire de la plupart des barrages routiers en France, ce sont les forces de l’ordre qui ont évacué hier ce blocage et celui de l’A43 en Isère, tous deux initiés par la Confédération paysanne.
À la Sca Ouest, ils ont quitté les lieux en tracteur et à coups de klaxon. « On a dû négocier parce que les forces de l’ordre voulaient prendre les identités, proteste Jean-François
Guitton, le secrétaire général du syndicat dans la Loire-Atlantique. Ils ne l’ont pas fait sur les autres blocages. Pourquoi cette différence de traitement ? » Finalement, tous ont pu partir sans sortir leurs papiers.
La préfecture justifie l’ordre d’expulsion en arguant de la présence de gens « n’ayant que peu de liens avec les problématiques du monde agricole ». Elle dit avoir relevé la participation de « personnes se revendiquant
des Soulèvements de la terre ». Avant même de parler des troubles à l’ordre public et des risques de pénurie et de perte de produits frais. « Mais l’agriculture, c’est l’affaire de tous », proteste Jean-François Guitton. Oui, confirme-t-il, depuis lundi, « on a eu le soutien de gens qui n’étaient pas syndiqués chez nous, venus à titre personnel. Aucun au nom des Soulèvements de la terre. »
À midi, cet éleveur de vaches laitières
à Saint-Gildas-des-Bois était rentré dans ses pénates. « Maintenant, il faut qu’on se penche sur tout le boulot en retard. Mais la semaine prochaine, on va décider des suites. » Déjà, des apiculteurs l’ont contacté. La pause du plan Ecophyto risque de les impacter au premier chef. Ils pourraient bien entrer dans la danse.