Dimanche Ouest France (Finistere)

« Au cinéma, un regard peut signifier beaucoup »

Clémentine Poidatz tient le rôle principal aux côtés de Laurent Gerra, dans le polar Morts au sommet, diffusé lundi, sur France 2. L’actrice raconte son attachemen­t à la Bretagne.

- Clémentine Poidatz, Zoé BOIRON.

actrice.

Quels sont vos liens avec le Finistère ?

Je suis née à Paris, mais Carantec, c’est la maison. C’est là où vivaient mes grands-parents. J’y ai mes cousins, mes parents aujourd’hui. Tous mes amis d’enfance sont des Carantécoi­s ou des Morlaisien­s. Dès que j’y suis, mon corps fonctionne mieux. Aujourd’hui, je viens en Bretagne pour des périodes plus longues, entre deux tournages.

Quels sont vos endroits préférés ?

J’adore aller sur l’île Callot. L’hiver, il y a des lumières fabuleuses. Quand j’étais petite, il n’y avait personne sur la route pour y aller. C’était comme un endroit sauvage, un petit trésor méconnu.

Et ça, je dois dire que je l’ai perdu. Pendant la haute saison, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de monde. Tant mieux pour le tourisme et plein d’autres choses. Mais avec ça, vient aussi la crise du logement, le fait qu’il n’y a pas assez de ressources en eau pour accueillir autant de monde. Depuis quelques années, je vais aussi souvent à Ouessant et je retrouve cette impression que j’avais, gamine, à Carantec, de bout du bout du monde.

Dans le film Les Algues vertes, vous incarnez le rôle de Morgan Large, journalist­e de Radio Kreiz Breizh. Ce tournage a-t-il eu une importance particuliè­re ?

Morgan Large est une femme que j’admire énormément, un modèle. C’est une lanceuse d’alerte. Elle a subi beaucoup d’intimidati­ons. C’est une femme pour qui la cause est plus forte que sa peur. Je n’ai pas du tout son courage ni celui d’Inès Léraud, qui a écrit la BD.

Ce film est important car il faut absolument qu’on repense notre système agroalimen­taire. Je n’ai pas la solution. Il y a des enjeux politiques derrière ça et ça ne peut pas être que les agriculteu­rs qui trinquent. Mais on ne peut pas continuer à polluer ainsi

nos terres et l’eau et que ça puisse tuer des gens.

C’est un sujet qui, depuis petite, me touche. Il fallait parfois ne pas boire l’eau du robinet. On voyait les marées vertes. Encore récemment, du lisier a été déversé par accident dans la rivière Penzé et il faudra dix à vingt ans pour retrouver l’écosystème marin.

Le réalisateu­r Pierre Jolivet a réussi à faire un film finalement assez mesuré. Il ne pointe pas les agriculteu­rs mais un système. On sait tous qu’ils sont dans une énorme galère. C’est super-difficile de réduire une exploitati­on de porcs, de décider de ne pas produire autant, de passer en bio. Il faut que ça évolue, que ça passe par des politiques agricoles.

Faites-vous des efforts particulie­rs pour l’écologie ?

Je n’achète plus de vêtements neufs. Je ne mange plus de viande, et seulement le poisson que je pêche ou que mon père ou mon frère pêche. Je récupère l’eau de pluie à Paris pour arroser mon petit potager. J’essaie de faire ce que je peux. J’ai mes habitudes dans un magasin, à Paris, qui ne fait que du local. J’ai la possibilit­é de le faire et mon éducation m’a permis

d’avoir cette conscience-là.

Morts sur les sommets.

Revenons au tournage de Il s’est déroulé en montagne, loin de la Bretagne. Racontez-nous.

Il y a trois ans, le réalisateu­r Éric Valette m’a proposé le rôle pour le premier opus Noir comme neige. Je n’y connaissai­s rien à la montagne. Et pour mon personnage, Constance Vivier du Peloton de gendarmeri­e de haute montagne (PGHM), la montagne est son biotope. Mais on a une équipe de montagnard­s qui m’a beaucoup aidée et soutenue.

Ils m’ont appris beaucoup de trucs, ne serait-ce que courir et marcher sur la neige, sur une crête, ne pas avoir peur… On a tourné au-dessus de Modane, entre Val-Cenis et Bonneval-sur-Arc (Savoie). On a eu des températur­es à – 30 degrés avec du vent. Ce sont des conditions que je connais mal.

Et j’ai aussi très peur du vide. Depuis l’année dernière, je me suis formée à l’escalade pour dompter ma peur. Mais je suis capable de faire des trucs pour mon métier que je ne ferais jamais dans la vie.

C’est un tournage aventure. C’est

ce que je préfère. Les conditions sont rudes et on a besoin des uns et des autres. Le maquillage gèle, les câbles gèlent. Tout gèle. Et il y a une entraide dans l’équipe.

Comment avez-vous trouvé cette région ?

Magnifique. Bonneval-sur-Arc est sublime. On a commencé par une scène au lac du Mont-Cenis. On a pris le télésiège pendant 45 mn, il faisait un froid de gueux. Là-haut, le soleil se levait. C’était sublime. Ce sont des moments qui restent dans le coeur.

Et Laurent Gerra (son partenaire de jeu à l’écran), qui a une maison dans le coin, m’a introduit auprès des gendarmes de Val-Cenis, aux sauveteurs en montagne. Il m’a expliqué comment fonctionna­it la vallée, la géologie, pourquoi il y avait des courants froids. Grâce à lui, je me suis sentie plus légitime dans ce rôle-là.

Pour moi, la Bretagne ce n’est pas juste la côte, c’est aussi les terres. J’adore les monts d’Arrée, la forêt de Feuillée.» Huelgoat, manger une crêpe à La

Au cinéma, un rien, une manière de regarder, peut signifier beaucoup de choses. Et j’aime qu’il faille scène.» autant de personnes pour faire exister une

Morts au sommet, lundi 23 octobre, sur France 2, à 21 h 10.

 ?? | PHOTO : JEAN-PHILLIPPE BALTEL – LIZLAND – FTV ?? L’actrice Clémentine Poidatz joue lundi, dans « Morts au sommet » sur France 2, un polar alpin dans lequel elle détient le rôle principal aux côtés de Laurent Gerra.
| PHOTO : JEAN-PHILLIPPE BALTEL – LIZLAND – FTV L’actrice Clémentine Poidatz joue lundi, dans « Morts au sommet » sur France 2, un polar alpin dans lequel elle détient le rôle principal aux côtés de Laurent Gerra.

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