Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
FUn Don Juan revisité à la sauce #MeToo
Pour Alain Chamfort.
Serge Bozon revisite Don Juan avec Virginie Efira et Tahar Rahim. Cette proposition, souvent chantée, est décevante.
Le générique. Serge Bozon, 49 ans, d’abord acteur, est le réalisateur de Madame Hyde ou de L’amitié. Pour revisiter Don Juan, il a fait appel à Virginie Efira, Tahar Rahim et le chanteur Alain Chamfort. Le film a été présenté au Festival de Cannes.
Le genre. Drame chanté.
L’histoire. Cette fois, les rôles sont inversés. Don Juan, ici Laurent (Tahar Rahim) – un acteur de théâtre –, ne maîtrise plus le jeu et n’arrive pas à se faire aimer. C’est Julie, elle aussi actrice (Virginie Efira), qui l’obsède et s’échappe à son amour. Un jeu sur le désir et la séduction.
La durée. 1 h 40.
On aime
Serge Bozon est fidèle à son style et tient ses partis pris. De ce Don Juan, quelques scènes restent en mémoire, comme celles avec Alain Chamfort qui apporte une grâce et une sérénité plaisantes face à Virginie Efira.
On aime moins
L’approche de Don Juan est très intellectuelle et les allers-retours entre le texte original et son adaptation ont de quoi nous laisser sur le bord du chemin si on ne connaît pas par coeur la pièce de Molière.
Surtout, il y a un ton décalé, avec des dialogues très écrits, qui donnent à l’ensemble une réelle froideur. Quant aux nombreuses parties chantées, elles ne le sont pas vraiment.
C’est une sorte de parlé- chanté sur une musique sans âme. Tahar Rahim, obligé à mal jouer, est loin de ses performances de la série Le serpent ou des films Les joueurs, Désigné coupable ou Réparer les vivants. Même Virginie Efira, toujours fascinante, se perd un peu dans ce Don Juan très sombre et lent, finalement ennuyeux, et les 1 h 40 paraissent bien longues. À réserver aux inconditionnels de Serge Bozon.