Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Comme Karolina, 16 894 Ukrainiens scolarisés
Karolina, jeune Ukrainienne de 11 ans, est scolarisée au collège des Ormeaux, à Rennes. La France a mis en place un dispositif spécifique afin que tous les jeunes fuyant la guerre soient scolarisés.
En sixième B, au collège des Ormeaux de Rennes, trois élèves ont le droit de chuchoter pendant les cours : Karolina, 11 ans, une jeune Ukrainienne, ainsi qu’Olga et Anaïs, les deux copines assises à ses côtés. Ces dernières, russophones, traduisent ce que disent les professeurs à l’adolescente, qui ne parle quasiment pas français.
Fuyant la guerre, Karolina, qui vivait dans le sud de l’Ukraine, au bord de la mer Noire, est arrivée il y a plus d’un mois, avec sa mère, dans le quartier résidentiel de Sainte-Thérèse. « Nous sommes hébergées par un Français qui voulait aider des Ukrainiens », précise-t- elle par l’intermédiaire d’Olga et Anaïs. Elle ne s’étend pas sur sa situation. « Nous ne cherchons pas à en savoir plus. Lorsque nous avons accueilli la maman, nous avons bien vu que c’était douloureux », souligne le principal, Jean-Marie Collin, qui garde un oeil sur son élève et sait pouvoir compter sur l’infirmière, l’assistante sociale ou le conseiller principal d’éducation en cas de besoin.
Des collectes pour l’Ukraine
L’adolescente a été acceptée au collège du secteur, connu pour avoir été immortalisé en BD par un de ses illustres anciens élèves, Riad Sattouf. Si le dessinateur y a vécu des années compliquées, Karolina semble parfaitement intégrée. Souriante et à l’aise, elle est déjà très complice avec ses copines de classe. Dès le début de la guerre Alice, Joséphine, Clothilde ou encore Naya s’étaient mobilisées pour collecter du matériel, de la nourriture et de l’argent. « Alors, quand on a su qu’une Ukrainienne allait arriver, on l’a attendue impatiemment », disent- elles.
Le principal et son équipe pédagogique ont eux aussi accueilli l’adolescente de bonne grâce, malgré le défi que représente la scolarisation d’une élève non francophone. L’établissement ne dispose pas de classe de UPE2A, ces Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants, réservées aux élèves ne parlant pas français et venant du monde entier.
À Rennes, d’autres Ukrainiens bénéficient du dispositif, par exemple au collège des Hautes-Ourmes. Mais la place manque… « Nous avons l’habitude d’accueillir des élèves étrangers, cela arrive parfois à l’occasion d’échanges », positive le principal.
D’ailleurs, il n’est pas démuni pour autant. « J’aurais pu demander des heures de français langue étrangère (FLE) et s’il y avait une arrivée massive d’élèves, nous le ferions. Mais grâce à Olga et Anaïs, l’inclusion s’est faite simplement. Et j’ai ici quatre jeunes en service civique, chargés de lutter contre le décrochage scolaire, dont l’une est titulaire d’un diplôme de FLE. »
« On lui apprend des mots »
Cette dernière, Claire Morice, propose à Karolina quatre heures de cours par semaine. « Nous apprenons les sons, qui ne sont pas les mêmes en français et en ukrainien. Pile et pull, par exemple, c’est compliqué à différencier ! Nous avons fait le tour du collège pour qu’elle se repère, nous avons appris les couleurs… »
Karolina peut aussi compter sur ses copines. « On lui apprend des mots sur la nourriture quand on mange ensemble, à dire des choses comme « C’est bon »… » Au besoin, Google traduction est appelé à la rescousse.
L’adolescente aime son collège, « plus calme qu’en Ukraine » et Rennes « très jolie avec beaucoup de parcs. » « Le seul problème, c’est qu’elle ne comprend pas les cours, à part les maths, les arts plastiques et le sport », soufflent Olga et Anaïs. Mais Karolina tient par- dessus tout à remercier la Croix-Rouge et « tous ces Français qui aident l’Ukraine ». Elle ne s’attendait pas à un tel accueil.