JOANNY CHATOUX :
COCHONS DE TRADITION
Ferme bio de Pigerolles, rue de la Mareille, 23340 Pigerolles. 05 55 67 93 12 / 06 80 96 11 70. Informations sur Facebook. Accueil du public du lundi au vendredi, de 9 h 30 à 17 h 30.
L’impression diffuse de ne pas pouvoir aller plus haut… C’est là, à Pigerolles, dans la « dernière » ferme isolée en haut du plateau de Millevaches où la vue file entre ciel et prairies, que vit et travaille Joanny. Un gaillard « militant du développement du plateau, mais c’est devenu plus dur aujourd’hui, chacun pense d’abord à soi ». Celui qui fut maire de Pigerolles à 22 ans (420 habitants, commune la plus étendue de la Creuse), très actif au sein du syndicat Jeunes Agriculteurs, a donc concentré ses efforts sur la ferme familiale reprise en 1999.
En s’attelant à perpétuer l’élevage de vaches et de brebis limousines mais surtout en lançant la production de porc cul noir, « une race ibérique comme le cochon basque ou gascon, sélectionnée par les paysans d’ici au xixe siècle pour son apport énergétique. Elle a été relancée dans les années 1980, alors qu’il ne restait plus que 30 truies et 3 à
4 verrats ». Sur les 360 ha de son exploitation, classée en zone Natura 2000 (dont 180 ha de tourbières), il engraisse au naturel 150 culs noirs sur deux ans, sur 10 ha. « Impossible que cet animal s’épanouisse enfermé. C’est un porc à croissance lente qui mange uniquement de l’herbe, des glands et des céréales. Il profite ici des conditions climatiques et de la rusticité du territoire. » Joanny ne se contente pas de l’élever. Il le transforme aussi dans un atelier de découpe. Séché deux ans minimum, le jambon fondant noyé de lard est écoulé localement et auprès du magasin d’alimentation fine Plisson, à Paris. Tarif: 75 € le kilo à la sortie de l’atelier, prix à payer pour une salaison d’exception.
« Il existe d’autres producteurs mais je suis le seul à maîtriser l’ensemble de la chaîne en bio. »
Son engagement pour le plateau s’exprime à travers d’autres activités. Un restaurant Algeco® propose des repas à la ferme toute l’année. Une boutique vend ses produits et ceux d’agriculteurs amis (confitures, miel, oeufs…). Il organise également des visites guidées de son exploitation, versée dans l’agroécologie avec ses 4000 m² de panneaux photovoltaïques et son méthaniseur. Et il accueille même des skieurs de fond l’hiver, quand la neige daigne s’installer sur le haut plateau. Avec son entregent d’entrepreneur agricole, quelque chose nous dit qu’il n’a pas encore totalement perdu l’envie de faire bouger les lignes politiques et administratives locales, pour défendre ses idées et participer à la relance économique du plateau.