ENTRE LA VILLETTE ET LA PORTE DORÉE
Le cheminement du GR Paris 2024 est balisé par les classiques marques rouges et blanches, et est décrit par le topoguide. Nous donnons donc un aperçu simplifié de l’itinéraire suivi, pour nous consacrer davantage à l’évocation des lieux surprenants qui se succèdent tout au long de cet itinéraire. Nous proposerons aussi les quelques détours qu’il serait dommage de dédaigner. Le parc de la Villette, qui constitue les points de départ et d’arrivée du tour de Paris, est l’un des principaux centres d’intérêt de l’itinéraire. Centre culturel en même temps qu’espace vert, la Villette trouve son origine dans les abattoirs qui fonctionnèrent ici jusqu’en 1974. La Cité des sciences et de l’industrie occupe une structure préexistante mais qui n’a jamais été mise en service; tandis que la Grande Halle est l’ancienne halle aux boeufs, édifiée en 1867. Devant la Cité des sciences et de l’industrie, la Géode resplendit de mille reflets. Cette sphère de 36 mètres de diamètre accueille une salle de cinéma conçue pour les projections de films en format Omnimax: l’effet de grand-angle et les fauteuils inclinables procurent de formidables sensations. À côté, le sous-marin L’argonaute appartient bel et bien au monde du réel: après une carrière de vingt-cinq ans, ce sont d’anciens sousmariniers qui le font visiter. Le tour du site de La Villette s’achèvera par ses fameuses salles de concert: le Zénith et la Philharmonie de Paris. On l’a compris, c’est en réalité une bonne journée qu’il faut consacrer à ces lieux. Après avoir passé le cube de béton de l’église Sainte-claire d’assise, on trouve au bout du boulevard d’indochine une colline boisée que gravissent des allées sinueuses. Le parc de la Butte-duchapeau-rouge est un espace vert à l’ancienne, doté, au sommet, d’un belvédère embrassant tout le nord-est de
Paris avec, de gauche à droite, Pantin, Le Pré-saint-gervais et Les Lilas. On y partage le coup d’oeil avec une bien plaisante statue: L’enfance de Bacchus, par Pierre Traverse; et on saluera Ève, de Raymond Couvègnes, surmontant une fontaine.
BALADE PAISIBLE DANS L’EST
De square en square (Docteur-variot, Emmanuel-fleury, Séverine), au niveau de la porte de Bagnolet, la rue éponyme conduit à un véritable petit village. Après avoir traversé le jardin de l’hospice-debrousse (noter l’élégant pavillon de l’ermitage, folie du xviiie siècle), on débouche sur la place Saint-blaise qu’encadrent les églises Saint-germain de Charonne et Saint-cyrille-saint-méthode. Monter les degrés de l’église Saint-germain pour voir le petit cimetière de Charonne, paisible sous ses arbres. Et dans le square derrière Saint-cyrille-saintméthode, on songera qu’avoir donné le nom d’antoine Blondin à cet espace vert est un aimable clin d’oeil aux marcheurs de Paris. Les marques du GR vous guident ensuite dans les ruelles d’un quartier piétonnier puis sur une succession de petites rues tranquilles, jusqu’au Cours de Vincennes. On appréciera au passage, près de la porte de Montreuil, le jardin de la Gare-de-charonne, et la perspective du Cours vers les colonnes qui annoncent l’avenue du Trône et la place de la Nation. Faire
le détour s’impose, car les travaux de transformation de la place se sont achevés au printemps 2019. Le fameux Triomphe de la République, signé par Jules Dalou en 1899, est aujourd’hui le centre d’un vaste espace vert arboré: le jardin Marianne.
AUTOUR DU LAC DAUMESNIL
Comme l’avait annoncé le jardin de la Gare-de-charonne, on rejoint ici les vestiges du chemin de fer de la Petite Ceinture. L’itinéraire aménagé sur ce site conduit au square Charlespéguy. On retrouve les petites rues qui débouchent sur l’avenue de Daumesnil et la porte Dorée. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, le meilleur accès au bois de Vincennes n’est pas la porte du même nom, mais la porte Dorée. Celle-ci donne en effet sur le lac Daumesnil au niveau de l’embarcadère où se louent les barques pour faire le tour des îles de Reuilly et de Bercy. Si on a encore un peu d’énergie au terme de ce premier segment du tour de Paris, on ne regrettera pas de longer le lac par la droite, jusqu’à la pagode du centre bouddhique. Mais pour en revenir à l’itinéraire: le tracé du GR passe entre l’escalier de bassins de la fontaine où se reflète l’imposante statue dorée Athéna, de Léon-ernest Drivier, et le palais de la Porte-dorée. Édifié dans le plus pur style Art déco à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931, il abrita un musée des Arts d’afrique et d’océanie avant d’accueillir le musée national de l’histoire de l’immigration, et le remarquable Aquarium tropical. On prendra le temps de scruter en détail l’ornementation de la façade du palais: traitée dans un genre figuratif, elle illustre parfaitement l’histoire de l’empire colonial français.