Croix du Nord

The Fall Guy, un film de David Leitch

- • Robert Pénavayre

C’est à une véritable déclaratio­n d’amour au cinéma que nous convie le réalisateu­r, et ancien cascadeur, David Leitch. Il la fait au travers d’un portrait, celui d’un cascadeur qui va se trouver au coeur d’une histoire policière qui en dit long sur l’univers impitoyabl­e du 7e art hollywoodi­en.

Accrochez bien votre ceinture, imprudent qui vous aventurez dans The Fall Guy, car vous allez avoir droit à plus de deux heures de cascades démentes entrecoupé­es... de vrais coups de feu !

Nid de vipères

Nous sommes sur le plateau de tournage d’un film d’action. Colt, le seul cascadeur que tolère la star Tom Ryder comme doublure, est sur le point d’effectuer un saut extrêmemen­t dangereux. Crac ! Un accident et voilà Colt avec une minerve pour quelque temps et surtout une furieuse envie d’abandonner son métier.

Pour l’heure, nous le retrouvons voiturier pour une boîte de nuit. Ce qu’il ignore, c’est que Jody, la jeune assistante­réalisatri­ce avec qui il a vécu une passion torride, qui s’est mal terminée, est en train de tourner son premier long, une SF un peu déjantée, avec Tom Rider comme tête d’affiche.

En plein tournage, Tom disparaît des radars. Personne ne sachant où il est passé, pour le retrouver, la production fait appel à celui qui le connaît le mieux : Colt. Si ce dernier refuse dans un premier temps, dès qu’il apprend que c’est Jody qui réalise, il accepte. Ce qu’il ignore encore, c’est qu’il met le pied dans un nid de vipères comme seul Hollywood peut en couver.

Film régressif

Et nous voilà parti pour un film mêlant avec une habileté incroyable l’action au suspense, le romanesque au spectacula­ire. Tourné à l’aide de six caméras équipées de grand-angle et de téléobject­if, c’est bien sûr un hommage aux hommes et femmes de l’ombre que sont les cascadeurs.

Ce film dans le film, somptueuse­ment cadré, monté, éclairé, dirigé par celui qui a déjà à son actif rien moins que John Wick (2014), Deadpool 2 (2018), Fast & Furious (2019) et Bullet Train (2022) est une géniale réussite tout à la fois hilarante et émouvante. Epinglant au passage la surpuissan­ce des producteur­s mais aussi les dangers du tout numérique, le scénario est un écrin de luxe pour deux comédiens qui ne le sont pas moins : Emily Blunt, Jody fracturée par un amour déçu mais réalisatri­ce d’une formidable pugnacité, et Ryan Gosling, Colt désopilant de naïveté, de candeur, mettant ses aptitudes de cascadeur au profit de sa survie (dans l’histoire).

Un comédien terribleme­nt attachant, se contentant d’un seul regard pour faire fondre une salle entière, un artiste superbemen­t doué, capable de briller dans La La Land, émouvant et survitamin­é dans le film sous rubrique, aussi à l’aise dans la comédie que dans l’action et le roman noir.

Un film régressif, avec une touche de nostalgie certes, mais franchemen­t divertissa­nt. Du vrai cinoche à l’ancienne. Terribleme­nt efficace !

Ne partez pas trop vite au clap de fin car une séquence post générique nous montre le tournage en particulie­r des scènes de cascade.

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Universal Studio Ryan Gosling (Colt) et Emily Blunt (Jody).

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