Paris s’esquisse
Deux événements regorgeant d’oeuvres anciennes et contemporaines ancrent la capitale dans ce marché vivant et encore accessible.
C’est parti pour la grande fête du dessin à Paris ! Véritable institution qui fédère tous les acteurs de ce marché en plein essor, le Salon du dessin s’est installé depuis le 20 mars au Palais Brongniart. De son côté, Drawing Now, la foire du dessin contemporain, a pris ses quartiers le lendemain au Carreau du Temple. Pour le premier, 39 exposants, dont 17 galeries étrangères, et 73 pour le second, dont 18 non françaises, avec 40 % de nouvelles participations. Un public nombreux de connaisseurs comme de simples amateurs est attendu, rejoint par des collectionneurs, des artistes, des experts qui participeront à des débats et des représentants d’institutions ou de fondations – invitée du Salon du dessin, la Fondation Dubuffet y fête ses 50 ans avec une exposition de 55 dessins du peintre. « Paris a incontestablement pris la main sur le dessin », tranche Marco Simone Bolzoni, conservateur des dessins de maîtres anciens et du xixe siècle de la collection Debra et Leon Black à New York, et chef d’orchestre des rencontres internationales du Salon du dessin qui s’intéresse, cette année, aux artistes voyageurs. « Tout le monde est mobilisé pour faire de Paris la capitale du dessin », renchérit Carine Tissot, la directrice générale de Drawing Society, l’entité qui gravite autour du dessin en développant à la fois un pôle art et un pôle hôtels à thème, soutien commercial et diversification de la première activité lancée par sa mère Christine Phal.
De fait, se greffent à ces deux
Salons des ventes aux enchères prestigieuses (comme celle de Christie’s consacrée le 20 mars au dessin du xixe) la Semaine du dessin, un parcours hors les murs organisé avec une vingtaine de musées, ou encore le Salon de l’estampe Paris Print Fair. Pourquoi cet engouement pour le dessin ? D’abord, parce que le marché reste accessible, même s’il monte depuis vingt ans – représentant environ 15 % des ventes, il dépassait les 2,4 milliards de dollars en 2022, dix fois plus qu’en 2000, mais un tassement est attendu pour les chiffres de 2023. « Si les dessins d’artistes célèbres atteignent de belles cotes, on peut encore en acquérir à partir de 1 000 et jusqu’à quelques milliers d’euros, explique Florence Guerlain, à la tête, avec son mari Daniel, d’une collection d’environ 700 dessins après en avoir donné plus de 1 300 au Centre Pompidou depuis 2012. Il faut suivre son instinct, avoir le coup de coeur, et en voir beaucoup. » Pour tous les goûts et budgets, « le dessin a un charme spécial, estime Marco Simone Bolzoni, il nous met en contact avec la première pensée de l’artiste, c’est un objet intime ».•
Christos Venetis Sans titre, 2023. Crayon sur couverture de livre, 21 x 31,5 cm. Collection Florence et Daniel Guerlain.