Marbres impériaux
Les chanceux qui ont pu voir la sculpture de Pauline Borghèse en Vénus exposée à la galerie Borghèse de Rome s’en souviennent encore. Ce chef-d’oeuvre plein de sensualité est signé Antonio Canova. « Artiste néoclassique vénitien mythique, il a révolutionné la sculpture tout en célébrant l’antique », admire le directeur associé d’Artcurial Matthieu Fournier. Dans la vente du 20 mars, il présentera une autre oeuvre de Canova, une tête de Calliope, portrait présumé de Marie-Louise de Habsbourg, impératrice des Français. Réalisée en 1812, cette sculpture fait partie de la série des
« Têtes idéales » dans laquelle figurent les neuf muses, dont Calliope, celle de la poésie épique, ou une Juliette Récamier représentée en Béatrice, muse de Dante Alighieri. « Ce buste est en trois quarts face, donc la pire des vues est celle de face, c’est là tout le génie de l’artiste, qui incite à tourner autour de l’oeuvre pour en apprécier tous les détails, y compris ceux de la coiffure, avec toutes ses boucles », souligne l’expert. Estimé entre 3 et 4 millions d’euros, « ce marbre vient de l’héritage du général et baron Gourgaud, fidèle de l’empereur au point de l’avoir accompagné à Sainte-Hélène, détaille Matthieu Fournier. Il a ensuite créé une collection d’art autour de lui et de sa famille, dont ses descendants prendront la suite en créant un musée sur l’île d’Aix. » A noter que dans la même vente, un buste de Napoléon par Chaudet sera aussi présenté, avec une estimation bien plus réduite : 40 000 à 60 000 euros.