Benoît Fougeirol
(Zus)
X Artists’ Books, 376 p., 60 euros (Zus), pour l’abréviation de zone urbaine sensible telle qu’elle apparaît dans les documents administratifs auxquels le photographe Benoît Fougeirol et le graphiste Jérôme SaintLoubert Bié font quelques emprunts, mais sans mimétisme excessif : de la sobriété de ce livre souple, protégé par une pochette en plastique et imprimé sur un papier fin, à la succession, par département, puis par ordre alphabétique, des onze zones urbaines sensibles photographiées dans la région parisienne. De « Corbeil-Essonnes, Montconseil » (91) à « Villiers-le-Bel, Puits La Marlière, Derrière les Murs de Monseigneur » (95), chacune fait l’objet d’un cahier où se croisent représentations photographique, cartographique et graphique auxquelles font écho, à chaque fois, une liste de toponymes et, pour l’ensemble, un texte de Jean-Christophe Bailly riche de la visite de ces lieux. Il ressort de l’ouvrage la grande diversité de ces zones, appuyée par l’usage, par le photographe, de modes différents, au sens d’approche et de ton. Ici, il insiste sur les papiers peints des appartements abandonnés. Là, il privilégie la présence de la nature. Cette diversité apparaît aussi au sein des cahiers. La grande qualité de ce travail entrepris entre 2010 et 2017 est, en effet, de refuser tout systématisme. Le point de vue est souple et mobile. Le regard reste extérieur mais il circule entre les immeubles et dans les parties communes. Il se décale, se rapproche, s’éloigne. Il est descriptif sans être démonstratif ni insistant. À tel point que, parfois, on ne sait quoi regarder. L’image prend alors un tour énigmatique renforcé par l’absence des habitants, mais pas de la vie. En effet, ces photographies sont pleines de traces d’une réalité avec laquelle elles entrent subtilement en tension.
Étienne Hatt