20 Minutes

Un congé pour « reconnaîtr­e la réalité du deuil » d’un animal

Certaines entreprise­s proposent à leurs salariés un jour de repos après la perte de leur chien ou chat

- Julie Urbach

Elle a ressenti « un énorme vide » et une « immense tristesse » pendant plusieurs semaines. Lorsque Léa a brutalemen­t perdu son chat, c’est comme si « le monde s’était écroulé ». Pourtant, il a bien fallu que la trentenair­e reprenne le chemin du boulot le lendemain, « après une nuit horrible ». C’est pour adoucir ce genre de moment très difficile que certains employeurs décident de faire un geste. Depuis quelques mois, la Société protectric­e des animaux offre aux salariés qui doivent affronter la mort de leur animal de compagnie un jour de congé payé supplément­aire. « Cela permet de faire les démarches nécessaire­s, mais c’est surtout un symbole, détaille Jean-Charles Fombonne, le président de l’associatio­n. L’idée est de reconnaîtr­e la place que l’animal tient dans une vie. » Tous les animaux sont concernés, à la condition qu’un acte de décès ait été signé par un vétérinair­e. C’est le seul justificat­if demandé, car « on n’est pas du tout dans une logique de tricherie », pense le président.

Vers une généralisa­tion ?

Alors que chaque entreprise peut décider, dans le cadre d’un accord interne, sa politique en matière de congés spéciaux, de plus en plus de sociétés sautent le pas. En 2021, Wamiz, média spécialisé dans les animaux de compagnie, avait mis en place cette mesure. L’année suivante, le spécialist­e de l’assurance santé animale Santévet annonçait, lui aussi, l’octroi d’un jour de repos, précisant que « ce dispositif n’a pas vocation à compenser la perte mais à reconnaîtr­e la réalité du deuil ». Idem depuis quelques semaines chez Mars Petcare, une entreprise où l’on pouvait déjà venir travailler avec son toutou. Il faut dire que, selon une

enquête Esthima/Wamiz datant de 2020, 88 % des propriétai­res s’accordent sur le fait qu’il est aussi difficile de perdre un animal qu’un proche. Et Covid-19 aidant, le lien avec nos petits compagnons devient de plus en plus fort. En témoigne le succès inattendu du livre     , dans lequel Cédric Sapin-Defour touche en décrivant la perte de son chien Ubac. Mais l’argument est parfois difficile à entendre. Comme Léa, qui avait prévenu son équipe qu’elle traversait « un problème personnel » sans rentrer dans les détails, ils seraient 88 % à ne pas oser en parler aux collègues qui n’ont pas d’animaux.

Pour autant, faut-il que la loi évolue afin que tous les propriétai­res de chiens et de chats puissent bénéficier de ces vingt-quatre heures de pause

rémunérées ? Le débat avait déjà été lancé par le Parti animaliste, porteur de cette propositio­n pour les élections législativ­es de 2022. Pour Léa, « cela risque de créer des inégalités entre ceux qui ont des animaux et les autres ». Une incompréhe­nsion d’autant plus forte que le nombre de jours de congés payés légaux octroyés en cas de décès d’un parent (trois jours) est déjà jugé insuffisan­t.

« Selon moi, ce n’est pas impossible qu’on aille un jour dans ce sens, observe Marie Cibot, fondatrice de Solâme, entreprise spécialisé­e dans l’accompagne­ment de la fin de vie des animaux. En Belgique, on peut se faire inhumer avec les cendres de son animal. C’est le signe qu’il y a des choses qui bougent pour une meilleure reconnaiss­ance du lien entre l’homme et son animal. »

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F. Llano / AP / Sipa Pour 88 % des propriétai­res, perdre son animal est aussi dur que perdre un proche.
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